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Les h�ros de l'an mil
| | Les h�ros de l'an mil Jean-Pierre Langellier Seuil
| Prix éditeur 14.94 euros
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Que peuvent bien avoir en commun Su Dongpo, Mahmud de Ghazna et Murasaki Shikibu ? Un patronyme impronon�able teint� de vagues senteurs orientales? Sans doute, mais est-ce suffisant pour �crire un livre de deux cent pages ? Peu probable. Historiens �m�rites et fervents lecteurs du Monde auront compris : il ne s'agit pas d'une affaire de noms mais d'une affaire d'ann�es. Bien avant le bogue, les sectes mill�naristes et les feux d'artifices du nouvel an, Su, Mahmud et Murasaki ont surv�cu � l'an mille. Fiers guerriers, empereurs redoutables ou vieux sages �clair�s, nos glorieux anc�tres durent, eux aussi, affronter le passage tant redout� d'un mill�naire � l'autre. Scandale ! Foutaise ! R�torquent les historiens. Et Jean-Pierre Langellier de surench�rir, d�s la premi�re page de ses H�ros de l'an mil, "l'An Mil n'a pas eu lieu, il a �t� invent�".
Attention, "apocalyptiques" s'abstenir�.
" Les moines, bien s�r, savent", et encore ne sont-ils qu'une infime pellicule de poussi�re sur le grand livre de l'humanit�, cantonn�s dans cet occident m�di�val, � l'�troit, entre Byzance, la resplendissante, l'Islam, insatiable et la furie d�vastatrice des peuples du nord, ces "Vikings ardents". Qu'importe, l'histoire est d�j� en marche, dans son studium, Raoul "le Glabre" griffonne nerveusement les quelques lignes de ses Histoires (en cinq volumes), r�cit haletant des "justes malheurs" de l'An Mil - incendies, cannibalisme et combats d'�toiles - signes annonciateurs de la vengeance divine.
Quid d'Otton, me direz-vous, "l'empereur qui d�terra Charlemagne", c�dant � une petite lubie d'enfant g�t�. L'An Mil est le cadet de ses soucis, il ne songe, du haut de ses 18 ans, qu'a reconstituer l'Empire Romain et � �pouser une princesse Byzantine. Basile serait-il plus r�ceptif aux sir�nes de Raoul, chantre de l'Apocalypse ? Rien n'y fait, l'empereur de Byzance compte les morts et accumule les richesses, apr�s sa victoire sur les Bulgares.
Les hommes de plume doivent y voir plus clair, eux, du haut leurs sph�res sup�rieures. Avicenne, le g�nie du Boukhara, n'a d'yeux que pour sa philosophie. Le soir, enferm� dans sa biblioth�que, c'est Aristote qui le tarabuste, perdu dans les m�andres de sa M�taphysique. Murasaki quant � elle, premi�re romanci�re niponne, isol�e sur l'Ile du Soleil Levant, d�ne � "l'heure du chien" avant de se coucher � "l'heure du singe". Autant dire qu'elle n'a qu'une notion tr�s relative de l'An Mil� Benoît Raio de San Lazaro
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