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L'amer de toutes les batailles
| | Le Vieux Jardin Hwang Sok-Yong Zulma
| Prix éditeur 23.00 euros
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Dix-huit ans de taule suffisent � �teindre tous les enthousiasmes. La preuve en plus de 500 pages tour � tour belles comme des estampes ou froides comme des lames.
La vie est simple, les sentiments le sont tout autant. Il y a dans beaucoup de romans asiatiques, cette certitude que la r�alit� est � port�e de mots. Sans tour de main ni d�aff�teries. Cela rappelle cet adage zen qui dit en substance que pour peindre un faucon, il faut peindre un ciel sans faucon. Le style est dans ce cas plus affaire d�accord et d�harmonie que de surprise ou de digressions, conceptions plus occidentales du talent. Cela vaudra � certains de consid�rer la litt�rature asiatique comme � chiante �. On pr�f�rera dire contemplative. Sans mouvement plus brusque que celui du vent sur les feuilles, c�est ainsi avec un naturalisme d�sabus� que Hwang Sok-Yong pratique le roman politique au pays du matin calme. Enfin, pas si calme. Partag� entre le marxisme �ber alles au Nord et l�ultracapitalisme triomphant du Sud, le pays a connu de nombreuses convulsions id�ologiques. Kim Il Sung, petit Staline, ou Park Chung-Hee, Capital de la douleur ? Choix corn�lien� Hwang Sok-Yong est un militant de la r�unification. O Hyonu, son h�ros et avatar dans le Le Vieux Jardin, l�est aussi.
La vie reprend
Concass�s par dix-huit ann�es de r�clusion, il ne reste des id�aux que quelques fant�mes, de la traque que l�angoisse, de la passion qu�un foyer �teint. Constat morose, m�me si son combat est � moiti� r�ussi : le dictateur a disparu. Ce pensum sur la convalescence de l��me apr�s la prison ne serait n�anmoins rien sans une femme : Han Yunhi, compagne belle apr�s l��ge et mature bien avant, l�ind�pendance chevill�e au corps. Ses doutes, son caract�re boh�me et farouche sont pour beaucoup dans la joliesse de ce vieux jardin. Est-il le havre du souvenir ou � l�utopie, cette �le introuvable � (�a ne vous rappelle pas une certaine possibilit� ?), comme le d�crit l�auteur dans la postface ? Peu importe, il en exsude une indicible nostalgie, une langueur presque ennuyeuse au d�but que le personnage de Han Yunhi vient admirablement relever. Le croisement des histoires transforme par un juste contrepoint la complainte du militant bris� en une histoire d�amour, de destin contrari�. Plus rien de politique. Et le calvaire d�O Hyonu, pour admirable qu�il soit, en devient presque anecdotique. Il est d�j� mort de nombreuses fois , alors qu�Han Yunhi est bien vivante. Laurent Simon
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