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Coe Lanta
| | Le cercle ferm� Jonathan Coe Gallimard
| Prix éditeur 22.00 euros
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Jonathan Coe fait d�finitivement partie des �crivains lucides : en fid�le observateur de son �poque, il manie l'humour et l'art du d�senchantement comme personne ! Preuve en est avec ce Cercle ferm�, aux accents tr�s politico-britanniques.
Un bon �crivain devrait �tre reconnu pour son degr� de lucidit�... A sa capacit� � d�celer les failles, � sonder l'invisible et ses asp�rit�s. Jonathan Coe, quant � lui, sait si bien camper ses personnages que l'on se demande constamment s'ils n'ont pas exist�, pour tout ou partie - ils sont tout simplement trop r�els. Dans ce nouvel opus de sa saga politique, commenc�e il y a plusieurs annn�es avec Testament � l'anglaise, l'�crivain britannique explore l'�ge adulte et ses joyeuses complications. Ses profondes d�ceptions, aussi... Toujours l�ger, mais descriptif dans les moindres d�tails de la vie quotidienne, Coe croque la vie des personnages que l'on avait d�j� suivi dans Bienvenue au club et qui nous avaient tant fait r�ver. Mais les gamins espi�gles ont bien grandi...
Dans ce second volet, c'est � de grandes personnes tr�s polic�es et bourr�es d'imperfections que l'on a donc affaire. Le jeune Benjamin est devenu comptable et s'est enterr� dans un mariage foireux, r�ve de composer le plus beau des romans et reste dramatiquement amoureux de Cicely, que l'on avait bien connu dans Bienvenue au club. Son fr�re Paul, lui, occupe un haut poste au Minist�re de l'int�rieur et semble se d�lecter corps et �me de l'univers politique dans lequel il �volue (il est d'ailleurs bien le seul...). Quand � Doug Anderton, il est devenu journaliste et se fait un plaisir de relater ce qu'il voit. A ses yeux, les ann�es Tony Blair ont en effet terni les ambitions britanniques, et les pr�occupations n�o-travaillistes du moment semblent bien fades, compar�es � la r�alit� du terrain. Comme dans cette petite ville, o� l'usine Rover risque de fermer et de voir dispara�tre bon nombre d'emplois...
Une com�die humaine
Sur fond de vie politique et de d�sillusions toutes philosophiques, donc, Coe impose sa vision d'un monde qu'il ne comprend que tr�s peu - si bien qu'il n'�chappe pas, par moments, � l'usage de la facilit�. Car sous couvert d'une plume parfaite et de sc�nes toutes plus r�alistes les unes que les autres, la lucidit� peut parfois se changer en complaisance et en stagnation. M�me si l'humour vient souvent d�grossir les d�ceptions...
L'�crivain parvient donc, apr�s le superbe Bienvenue au club, � tisser une galerie de portraits qui viennent r�appara�tre, et m�me "repara�tre", pour reprendre l'id�e balzacienne du "personnage reparaissant" qui va, vient, puis fait un retour o� on l'attend le moins. Chez Coe, d'un roman � l'autre, les personnages tiennent finalement leur r�le avec �vidence : les �tres prennent de l'�ge, les cycles s'installent, mais les cercles d'amiti�s ne se referment jamais totalement. Julien Canaux
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