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La recherche du roman perdu
| | Mallarm� et moi Rapha�l Meltz Panama
| Prix éditeur 12.00 euros
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Invoquant autant Mallarm� que Perec, Rapha�l Meltz interroge le romanesque, son �laboration et son essence m�me. Et au fait, pourquoi est-il tant convoit� alors que le romantique d�cline ?
Roman. C�est bien ce qu�on lit accol� au nom de l�auteur, sur la couverture de ce livre. Comment d�s lors pr�ter foi aux �lucubrations et lamentations de cet �crivain qui s��vertue � nous relater son pr�tendu �chec litt�raire pour finalement s�autoproclamer auteur ?
De deux choses l�une. Ou bien, une fois pos� le point final de cet ouvrage, notre scribouillard s�est trouv� d�pourvu de tout sens de la modestie et, approchant dangereusement le portrait de celui que lui renvoyait sa mauvaise conscience � mi-chemin du livre, a rejoint le camp de ces �tres subitement pr�tentieux une fois pass�e l��preuve du comit� de lecture. Ou bien tout ceci n�est que leurre, jeu, second degr� et invite au lecteur � r�veiller sa conscience critique et faire preuve de discernement, de vigilance et de curiosit� � l��gard de l�offre litt�raire actuelle. On penchera rapidement pour la deuxi�me solution tant l�auteur manie autod�rision et cynisme avec aisance.
Je est un autre
Fustigeant le formatage des �uvres auquel c�dent nombre de litt�rateurs et de critiques contemporains, notre jeune chevalier des lettres se lance sur la piste de la substance romanesque, missionnant pour cela un myst�rieux et sympathique homme gros, tout � la fois pr�cieux complice, n�gre et peut-�tre expression d�un complexe, d�un manque en lui-m�me...
Stigmatisant l�autofiction, il d�cide de la prendre � rebours: plut�t que de se raconter en se dissimulant derri�re un pseudonyme ou une initiale typique des romans � clef, il attribue son patronyme � son h�ros qui vit par ailleurs son existence propre ; bien que le doute soit toujours permis car soigneusement entretenu�
Pourquoi s�obstiner � �crire quand le talent n�est pas au rendez-vous ? On a beau se d�doubler tant bien que mal, quand la plume ou le clavier vous d�mangent, il doit y avoir une solution. D�o� l�exp�rimentation de diff�rents genres : de la th�se de l�historien au discours politique, le preux �crivain ne s��pargne aucune gageure. C�est surtout l� qu�intervient la contrainte, � la mode oulipienne, comme substitut ou stimulation � l�inspiration. Adepte de ces exercices math�matiques, il se les approprie, les r�invente et les d�tourne avec habilet� pour mieux d�plorer une vision purement comptable de la mission �ditoriale.
Plut�t Per�cien que Mallarm�en au final, c�est d�un objet litt�raire prot�iforme, tant�t pamphlet, tant�t journal, le tout un soup�on romanc� tout de m�me, que nous r�gale Rapha�l Meltz. Avec plus de lucidit� que d�amertume, il nous invite � sortir des sentiers battus d�une litt�rature banalis�e par des prix litt�raires truqu�s, traquer la richesse des mots et pourquoi pas de temps � autre penser � relire Mallarm�. Car si un coup de d�s jamais n�abolit le hasard, c�est bien que la chance peut tourner. Jubilatoire, donc (bien que ce mot figure au panth�on de ces adjectifs ex�cr�s car employ�s jusqu�� plus soif par la critique en place, et qui fait lui-m�me l�objet d�un d�licieux paragraphe). Laurence Bourgeon
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