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Bourr�s de talent
| | Encore une nuit de merde dans cette ville pourrie Nick Flynn Gallimard
| Prix éditeur 19.00 euros
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Ecrivains en herbe, au goulot ! Un p�re alcoolo �gale un bon roman autobio. Nick Flynn a r�ussi cette �quation pas si �vidente, le tout sans catharsis, SVP. Autant dire, un exploit.
� Carry that weight, for a long time Boy �, chantaient les Beatles en 1969 sur Abbey Road. Voil� un air que pourrait fredonner Nick Flynn. Ou encore le � p�re absent, m�re absinthe � de notre Gainsbourg national� Peu importe, il ne s�agit que de cela : comment composer avec l�ombre �thylique de p�re et la mort contrainte de la m�re ? Surtout qu�au petit jeu de la tare familiale, Nick a h�rit� de deux destins en bois brut : l�attrait du goulot et l�envie d��crire. Voil� pour le � pitch �, rien de plus simple finalement, une petite n�vrose en famille qui se traine sur deux g�n�rations. Mais l�intelligence a frapp� l� o� on ne l�attendait plus. Apr�s une adolescence proto d�linquante, le fils encha�ne sans transition sur une place de surveillant en foyer de clochard. Et il attend� Qui ? Son p�re bien s�r, sa folie latente ne va pas tarder � lui faire fr�quenter les bancs et les bouches d�a�ration de Boston.
Le dernier vers
Mais Nick ne le sait pas encore. Encore une nuit de merde dans cette ville pourrie -Prix du plus beau titre de l�ann�e- navigue entre l�hommage et le meurtre psychanalytique. Rendons nous � l��vidence, Nick doit � son timbr� de p�re une bonne moiti� de son talent et ses meilleures anecdotes, la deuxi�me moiti� gisant sous la triple croix de la tombe maternelle. Il manque � cette nuit de merde la compassion d�goulinante et le c�t� anthropo. Fort heureusement, sans quoi il nous e�t �chu un �ni�me document sur la mis�re sociale et la survie en milieu urbain. De cela, Flynn p�re et fils s�en extirpent avec brio. On aurait pu gloser sur la valeur r�demptrice de la litt�rature, mais la lecture de ce roman � appelons le tout de m�me roman - nous fait dire qu�avant tout, Flynn tenait en son g�niteur mythomane une histoire, et une belle. Shakespeare vient tout de m�me trainer la savate dans ce r�cit par ailleurs pur de toute bibliographie : du v�cu, rien que du v�cu. Alors pourquoi se priver ? Au plus profond de cette nuit de merde, vous ne trouverez rien d�autre qu�un style qui vaut bien plus que les pi�cettes que le p�re Flynn arrache aux passants. Le tout est d�une �l�gance rare. Ultime pied de nez, le fils a grill� la politesse au p�re en publiant son chef d��uvre avant lui. L'Oedipe est consomm� et le lecteur, repu. Laurent Simon
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