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Toutes pour une
| | L'Une de l'autre Nadia Xerri-L. Actes Sud
| Prix éditeur 15.00 euros
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C�est � regret que Zone-Litt�raire manque g�n�ralement de temps pour �voquer l��criture th��trale. Mais quand l�auteur est jeune, talentueuse, et publie sa premi�re �uvre, on peut se mobiliser pour que sa parole soit entendue par le plus grand nombre.
De formation litt�raire et th��trale, Nadia Xerri-L., 35 ans, �crit et met en sc�ne ses propres textes. Actes Sud-Papiers a publi� en avril sa premi�re �uvre, un triptyque constitu� de trois courtes pi�ces, construites comme autant de moments de la vie d�une (jeune) femme.
Comme Sofia Coppola au cin�ma - qui souhaitait avec Virgin Suicides, Lost in Translation et Marie-Antoinette, mettre en images trois stades du sexe faible, de la jeune fille � la jeune femme � Nadia Xerri-L. s�int�resse � l��tre f�minin, � sa fa�on de ressentir, de s�exprimer, ou de se taire, bref, � son intimit�.
Dans son triptyque, deux femmes bless�es se partagent la premi�re et la derni�re affiche. Tout d�abord Ava, qui dans Solo d�Ava, est la jeune femme veuve. Son monologue s�ancre dans la d�tresse de la perte, de l�apr�s-Lui et finit par questionner les convenances : est-ce obsc�ne d�avoir toujours le go�t de la nourriture quand on a perdu celui de la vie ?
Bo�tes et solitudes abrite le personnage de la jeune femme quitt�e. Bien s�r, elle souffre : elle le dit ; elle se souvient d�Eux : il lui r�pond parfois � une des voix de son esprit perdu ; elle attend (des)esp�rante un retour : il ne reviendra pas.
Entre ces soliloques, deux jeunes femmes, deux s�urs qui s�affrontent et s�adorent, se s�parent et se retrouvent. L�Une de l�autre (jou� au th��tre de la Villette � Paris en mai dernier) est un pur moment de bonheur. Revenues dans la maison familiale � l�heure de l�h�ritage, Lila et Dahlia se rappellent l�enfance et r�glent leurs comptes avec tendresse. Qu�il est parfois dur � vivre l�amour filial, qu�ils sont souvent difficiles � tenir ces r�les d�a�n�e et de cadette... Mais le plus intenable finalement n�est-ce pas la vie l�une sans l�autre ?
Dans cette premi�re �uvre, la langue travaill�e et vivante nous s�duit, son ton alternativement tranchant ou lancinant, sa travers�e r�guli�re par d�heureuses r�f�rences musicales. Toujours poignante, la f�lure commune est l� qui s�exprime ou se devine mais la vie ne dispara�t pas. Comme autant de visages de la f�minit�, ces quatre jeunes femmes sont un peu toutes les femmes et aucune � la fois, comme si les multiples �clats f�minins qui les composaient ne l��taient que d�une fa�on, propre � chacune. Gageons que Nadia Xerri-L. ne souhaitait pas viser � l�universalit� de ses h�ro�nes mais � leur humanit�. Pari r�ussi. A quand les hommes ? Ma�a Gabily
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