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Ego-surf
| | Ego-surf Arnaud Viviant Calmann-L�vy
| Prix éditeur 15.09 euros
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Surf sur l'ann�e 2000.
Un �ni�me Journal, le passage � l'an 2000, aphorismes n�s d'une ann�e d'�v�nements d'envergure variable, r�trospective allusive d'un si�cle. L'ensemble aurait pu s'av�rer on ne peut plus banal, mais pourtant � aucun moment les ingr�dients qui le composent ne buggent.
Confession : "Ce Journal m'a �t� command� en juillet 1999 par l'�diteur Marc Grinsztajn, pour le compte de l'�diteur Calmann-L�vy". Se dit na�vement touch� qu'on ait pens� � lui pour cette main courante : si l'exercice est parfois jubilatoire, il se d�couvre plus na�f qu'il ne le pensait de prime abord. Bien ennuy� par la n�cessit� d'�crire 365 jours d'affil�e ! Si bien qu'il nous sert quelques passages exquis de d�calage "Mon probl�me, tu vois, c'est de n'�tre ni dedans ni dehors, toujours le cul entre deux chaises, au c�ur d'un atermoiement". L'atermoiement n'est cependant pas si perceptible que Viviant pr�tend le d�plorer, et ce Journal encha�ne tout ce dont il souhaitait nous entretenir. Des trivialit�s des prix litt�raires au drame de l'exp�rience Kosovare, m�me s'il n'y perd pas, ainsi qu'on le lui avait pr�dit, dix ans de son existence. Entrem�lements pas si confus que �a au beau milieu d'une revue de presse dont l'agencement permet une cat�gorisation pleine de pertinence.
Qu'on en juge. "Finalement, il y aura eu, en l'an 2000, 4 grands types d'�v�nements : 1, la victoire de la science : clonage, greffes, s�quen�age des g�nomes. 2, la d�faite de la politique : affaires, mises en examen, �lections am�ricaines. 3, la victoire de la nouvelle �conomie : start-up, stock-option, fusions, concentrations, OPA, Nasdaq. 4, la d�faite de la vieille �conomie : vache folle, effet de serre, catastrophes maritimes, ferroviaires et routi�res. Autrement dit : un mariage (celui de la science folle avec le capitalisme, dit second ou r�g�n�r�) et deux enterrements (celui du capitalisme premier puis de sa vieille veuve, la politique)".
Arnaud Viviant reprend sa plume que l'on sait caustique, aigu�, et grin�ante, pour nous offrir sans pr�tention un recueil de pens�es et de t�moignages � distance. Apesanteur du propos, qui est � la fois distrayant et �loign� de toute forme de Carnet intime traditionnel. Car Ego surf r�invente bel et bien une forme d'�criture des Journaux : pr�venus du nombrilisme qu'on ne peut manquer de rencontrer dans ce genre de litt�rature, l'inintimisme de l'ensemble, ponctu� il est vrai de Moi Je toujours sarcastiques, nous entra�ne dans des r�flexions singuli�rement personnelles au c�ur desquelles le lecteur retrouve toujours sa place.
Quasiment un espace qui invite � l'expression, mais cette sensation est sans aucun doute due au flirt qu'entretient Viviant avec son interlocuteur, au badinage qui entoure ses propos, au s�rieux dont il fait preuve en parlant de son derri�re. Rarement du c�t� face : pas de mise en sc�ne, ou alors seulement quelques promptes apparitions figuratives. Et pourtant sa pr�sence est ind�niable. Percutante, vivifiante, qui ne m�che pas ses mots surtout lorsqu'il s'agit de d�noncer les travers d'un art qui lui est cher : "� la fin de ce si�cle, la litt�rature est un hobby. Seule sa m�diocrit� est suffisamment rentable". Ce qui est s�r, c'est que ce Journal n'a pas constitu� un hobby pour Viviant, et que, s'il n'est en rien un chef d'�uvre litt�raire - d'ailleurs le critique n'y pr�tend � aucun moment - il s'est pr�serv� de toute forme de m�diocrit�. Reste � savoir s'il se classe parmi les r�formistes ou les r�volutionnaires. J. L. N.
+ Interview d'Arnaud Viviant
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