La procession d'Echternach Herv� Carn Lignes - Leo Scheer

Prix éditeur 13.00 euros

Deux nouvelles : ce livre en est une grosse et il traite non sans style d�une p�riode trouble, l�Occupation allemande. Mais pas n�importe o� : en Bretagne.

Soyons franc, La procession d�Echternach fut un deuxi�me choix commode en cat�gorie poids plume -120 pages- apr�s la cuisante d�ception provoqu�e par En attendant Ludmilla de DBC Pierre (editions Panama). Anglais, trop anglais : � peine une saillie sur deux compr�hensible, ratio inf�rieure � la moyenne habituelle en mati�re d�humour briton. Foutu nonsense, qui donnerait envie de balancer le pav� comme un vieux pudding si l�on �tait bien s�r de n�atteindre personne.
Transition subliminale : de la Grande Bretagne � la Bretagne, il n�y a qu�un pas. Qui est vite franchi une fois saisi le huiti�me roman granitique d�Herv� Carn, �crivain prosa�que ci devant, mais aussi largement po�te de derri�re les fagots puisqu�il a d�j� son actif neuf recueils de vers. Avant de commencer la farandole de cette Procession, une pr�cision pour les amateurs de Cluedo : le quatri�me de couv� a du �tre r�dig� par un ex du Reader�s digest. R�sumer l�intrigue, certes, mais en r�v�ler le ressort principal ET la fin, c�est un privil�ge que ne s�accordent d�habitude que les pr�faceurs fous, et qui en d�autres temps eut m�rit� la roue.

Bretons, on a toujours raison

La procession d�Echternach fait imm�diatement penser � deux ouvrages : L�ami retrouv� de Fred Ulhmann et Inconnu � cette adresse de Kressmann Taylor. M�me toile de fond, la seconde guerre mondiale, m�me mani�re de traiter de l�humanit� toute enti�re par le petit bout de la lorgnette sentimentale, m�me pagination lapidaire. Pourtant l� o� ses deux pr�d�cesseurs sacrifient tout � une grande efficacit� narrative, Herv� Carn, lui, se paie le luxe d�une balade liminaire. Il faut dire que son principal protagoniste, Hans, est enqu�teur pour un guide de voyage allemand. Si l�on ne voit pas tr�s bien o� le d�but du roman veut en venir, c�est tout simplement que l�auteur a d�cid� de prendre son temps.
La r�gion m�rite certainement ces attentions, elle qui est au c�ur du r�cit. Car enfin si aujourd�hui la Bretagne, c�est simple comme une bol�e de cidre, �a l��tait moins dans les 40�s, quand les cuirs longs et la svastika �taient tr�s mode au nord de la Loire. Certains choisirent la compromission avec l�occupant en esp�rant l�ind�pendance, d�autres prirent le maquis. On ne r�it�rera pas la faute du gaffeur pr�cit�, mais �videmment tout cela a un lien intime avec Hans� ou plut�t Jean. Herv� Carn a heureusement une plume l�g�re et allusive, qui �vite les gros sabots manich�ens propres � l��poque et s�accorde bien au flou identitaire et politique de son r�cit.
On en dira pas plus. Nous.

Laurent Simon