Un monde ailleurs Stawart O'Nan l'Olivier

Prix éditeur 19.82 euros

Un monde ailleurs, un monde l�-bas, un monde d'ici. Bas, ici-bas. Un monde ailleurs ici-bas. L�-bas, Stuart O'Nan offre l'indicible beaut�, l'essence de l'existence � qui veut bien p�n�trer son imposant roman de 475 pages. Un monde ailleurs qui recule, se recule, accule : un temps mythique qui flirte avec la normalit� des jours. L'�crivain transporte son lecteur en plein coeur d'une guerre que l'on dit mondiale mais sans d�ranger les habitudes toutes humaines d'un jour d'�t� am�ricain. A en rendre le style d'O'Nan aussi d�licieux qu'un apple crumble des grand-m�res. Il ne faut pas avoir peur de l'avouer : l'�criture de ce roman rel�ve sinon de la performance, en tout cas du talent.

O�Nan r�ussit aussi bien dans la peinture de moeurs que dans la texture du r�cit, rendant au final une impression de maestria, limite psychorigide, dans l'appr�ciation du quotidien d'une Am�rique qui se cherche et qui se trouve, d'une Am�rique qui doute du haut de sa forteresse id�ologique, de l'Am�rique adolescente, transmu�e, bient�t malade de sa virginit� historique : l'Am�rique des ann�es 40.

La Navy vient de reprendre Guadalcanal quand James et Anne Langer s'installent � Long Island. Leur fils a�n�, Rennie, a �t� enr�l� pour servir dans le Pacifique.

Une double guerre donc : une guerre v�cue r�ellement, dans un quotidien tragique, et une guerre fantasm�e, une guerre de l'attente de l'autre c�t� de l'oc�an. Et puis une troisi�me guerre, insidieuse, la m�me pour tous : la guerre contre le temps et l'usure qui s'en d�gage. Cette guerre est le v�ritable sujet du roman avec des hommes et des femmes, ici et ailleurs, dans leur monde, qui cherchent inlassablement une incertaine victoire, une d�faite annonc�e, qui cherchent quelque chose qu'ils ne trouvent pas : qui vivent�

Pendant tout ce temps, l'effort de guerre se poursuit, les cin�mas diffusent de sombres nouvelles, les forces de l'Axe se d�mobilisent, les incertitudes s'installent, les cauchemars apparaissent. Destructeurs, psychotiques.

Et c'est avec un souci du d�tail infime que Stuart O'Nan conte ces perditions individuelles, ces d�ceptions et frustrations int�rieures qui affectent au final le grand Tout Am�ricain. Un grand Tout h�t�roclite, avec des joies et des peines, des naissances et des morts, de l'amour et de la haine : tous les ingr�dients de la vie, tous les ingr�dients d'un roman.

Un monde ailleurs est r�ussi, et s'ach�ve sur la fin de la guerre, pas encore la paix. Peut etre faudrait-il voir l� l'essence de l'oeuvre romanesque : des batailles perp�tuelles gagn�es par un moi qui ne trouve pas la paix.

J. B. V.