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Affreux, b�tes et m�chants
| | Le Patrimoine de l�humanit� Nicolas Beaujon Le Dilettante
| Prix éditeur 16.00 euros
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Quand un premier roman d�truit avec jubilation l�honorabilit� suppos�e des mus�es, on craint que le Patrimoine de l�humanit� ne soit finalement pas dans de si bonnes mains.
Qui n�a pas d�j� d�ambul� dans les galeries d�un mus�e en se disant que les gardiens devaient s�y ennuyer � mourir ? Nicolas Beaujon, 42 ans, dresse un portrait peu am�ne de ces fonctionnaires, pour la plupart aussi creux, spirituellement parlant, qu�on se l�imagine,
mais qui prennent leur m�tier tr�s au s�rieux.
Gardien, un m�tier m�connu
Apprenez d�abord qu�on ne dit pas � gardien de mus�e � mais � agent de contact �. Apprenez aussi que beaucoup d�entre eux sont des agents � infiltr�s �, l� par hasard, en attendant mieux, comme notre narrateur qui se targue d��tre un � guitar hero �, soit une future star du rock pour l�instant m�connue.
La carri�re de notre hero dans l�administration commence de fait assez mal puisqu�il se fait d�embl�e convoquer par la splendide chef du personnel : il a menti lors du concours sur l�immacul� de son casier judiciaire, en r�alit� noirci par des vols d�objet d�art. Mais c�est du pass� ma bonne dame, j�ai aujourd�hui le plus grand respect pour le patrimoine de l�humanit�, je vous jure. � Emma Peel � passe gentiment l��ponge, tandis que le gardien en herbe r�ve de devenir son John Steed.
En attendant de combler l�hyst�rie de ses fans en d�lire, le narrateur d�couvre donc l�univers hautement corrosif de son nouveau travail : gr�ves en pagailles (�a, on s�en doutait !), coll�gues hauts en couleur � Boin, le Limougeaud nostalgique de sa province, Dupont, � le punk reconvertit fonctionnaire � , Slimane, l�incessant bavard, etc. � , touristes potentiellement dangereux, mais surtout sex & drug. Et oui. Pascale Faubert, vacataire pistonn�e, est l�incarnation de cette d�cadence du mus�e, tr�s avenante envers ses coll�gues, aid�e par Tr�vise, un fou d�clar� inapte � travailler en collectivit�, qui, depuis la r�serve des �uvres d�art, approvisionne toute la joyeuse confr�rie en drogues de toutes sortes. Forc�ment �a va d�g�n�rer ; forc�ment, on va s�amuser.
D�poussi�rage
Contrairment � ce qu�on croit, y a de la vie dans les mus�es, mais pas forc�ment celle qu�on imagine. Entre l�alerte � la bombe dans une poussette � ah ! bienheureuse b�tise du fonctionnaire de base parlant anglais comme une vache espagnole � les coll�gues commentant � leur fa�on les fluctuations d�un march� financier qui leur �chappe totalement � mais faut se tenir au courant � , les � certificats d�anomalie � dont les propos donnent tout son sens au mot � ineptie � et les notes du d�l�gu� syndical � l�orthographe et au style tr�s approximatifs, on avoue que l�ironie d�ploy�e dans son roman par Nicolas Beaujon est des plus r�jouissantes.
Donnant une image assur�ment bien plus trash que celle qu�on colle d�habitude aux gardiens de ce que le monde a de plus pr�cieux, il n�h�site pas � grossir le trait jusqu�au d�lire outrancier, sans perdre cependant sa cr�dibilit�. Sans r�volutionner l�art de l��criture, Le Patrimoine de l�humanit� n�en reste pas moins un appr�ciable premier roman, d�sopilant et exacerb�. N�h�sitez pas � l�emporter avec vous lors de vos prochaines visites, il vous distraira beaucoup dans la file des trois heures de queue pour acc�der � la derni�re exposition du Grand Palais ! Ma�a Gabily
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