Suppl�ment au roman national Jean-�ric Boulin Stock

Prix éditeur 15.00 euros

Voil� un premier roman qui ne d�parera pas dans l'hyst�rie politique g�n�rale. Peu de litt�rature, h�las.

La France a peur. Et Jean-�ric Boulin a la rage. Le couvercle de la cocotte-minute doit sauter puisque tout le monde le dit. Le feu aux fesses, ce nouvel �crivain vient donc d�y fracasser son cr�ne de primo-romancier-politico-pamphl�taire. De son livre dont on commence � parler (il figure dans la premi�re s�lection Goncourt), on dira deux choses : la r�volte est louable, mais on doute des buts poursuivis et des moyens mis en oeuvre. Comme tout le monde, Jean-�ric Boulin bout de constats terribles sur la France d�aujourd�hui, de psychoses qu�il ne peut pas r�soudre et qu�il n�a peut-�tre m�me pas envie de r�soudre. Alors il compile les rancunes, au fil de 150 pages froides comme un cadavre. Sous pr�texte de ne pas oublier les violentes irruptions du r�el jaillies r�cemment, il joue dans l�obsc�ne : le pire, rien que le pire, toujours le pire. Naturaliste socio-politique jusqu�� la naus�e.

L�autopsie

Tout y passera donc, sous la forme d�une triple histoire : celle d�un avatar de Khaled Kelkal plongeant dans le terrorisme � force de frustration ; celle d�un avatar de Richard Durn plongeant dans la violence aveugle pour le m�me motif ; et celle de Fran�ois Hollande, grotesque carri�riste gagnant le pouvoir sur des ruines. Sur ce principe l�, Jean-�ric Boulin fonce dans un jeu de quilles : il y a les salauds de jouisseurs (les parisiens) et les pauvres �invisibles�. Les pouvoirs politiques, m�diatiques, �culturels �, en auront pour leur argent. Soit. En dessous de cette cr�me-l�, il y a la masse dans son d�sert de souffrance sociale et sexuelle. Pas une femme digne de ce nom n��merge l�-dedans. Des � noirs �, des � blancs �, des � arabes �. Tout ici est r�duit � son plus simple appareil. Et c�est franchement l� que le b�t blesse.

Politique fiction

Jean-�ric Boulin se serait-il d�cid� � �crire faute de pouvoir assouvir une carri�re politique ? On se pose la question tant il y a dans son roman de m�taphores sur les taux de CSG. C�t� litt�rature, le style alterne entre pr�dications d�finitives et plaintes d�sabus�es. N'est-ce pas un peu facile ? Marc-�douard Nabe disait il y a peu dans ces colonnes combien les obsessions politiques encombrent la litt�rature et la soci�t� fran�aises. Combien elles st�rilisent � peu pr�s tout. � ce titre, ce livre poursuit � la perfection l��criture du fameux �Roman national� qu�il entend remettre en cause. De la politique, encore et toujours. Et la plus noire possible. L�odeur de mort qui s�en d�gage suffit d�j� � app�ter tous les journalistes que Boulin n'aime pas. Tr�s peu de litt�rature, au fond.

Marc de Launay