#112 - Du 14 octobre au 05 novembre 2008

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L'irr�solu

 L'irr�solu
Patrick Poivre d'Arvor
Albin Michel
Prix éditeur
19.82 euros

Si le personnage principal de cette histoire est le prototype de l'homme qui jamais n'�merge ni ne parvient � se noyer, une conviction s'impose en revanche � la lecture de ce roman : r�solu � nous subjuguer, l'auteur parvient � nous plonger dans une ti�deur insupportable qui constitue tout le br�lant de son aventure.

L'aventure d'un personnage de la fuite. De Paris � Lyon, de Tacha � S�verine et de S�verine � Marguerite. De l'ouvrier au chef de syndicat, du canut ch�meur au chroniqueur, de l'anarchiste au mondain parisien. Une fuite qui masque mal cette symptomatique incapacit� de positionnement, tant en terme d'identit� que de r�alisation. Victor met tout en �uvre pour que son parcours ne ressemble qu'� une succession d'actes manqu�s et de tentatives qui avortent. Ouvrier vaguement cultiv�, la trentaine, inculp� pour avoir �t� m�l� de loin � un attentat, il n'a rien de ces �tres hors du commun qu'il v�n�re, en ce qu'il y retrouve l'image d'un p�re inconnu et c�l�br� : " � mesure que la figure d'Alexandre grandissait en lui, Victor se recroquevillait " ; et en ce qu'ils le renvoient � sa propre m�diocrit�, peu lucide sur elle-m�me � force de repousser toujours plus haut l'aune qui la mesure.

Plus qu'une simple mise en sc�ne de la fuite, d'Arvor nous parle d'enracinement, politique, familial, amoureux. L'h�ritage est bien lourd : le testament laiss� par la m�re de Victor dessine enfin un visage au p�re. Mais comment d�terminer, dans la qu�te de soi et dans le processus d'individuation, lequel de ces deux fardeaux est le plus paralysant : l'ignorance de certains points d'une histoire li�e � l'existence de celui qui ignore, ou la comparaison immanquable des histoires qui en r�sulte ? Quelle est cette " injustice de la naissance " qui d�termine tout un devenir ? La non-connaissance faisait de Victor un h�sitant ; le savoir le rend plus ind�cis encore. La simultan�it� de la lumi�re faite sur ses origines et de la mort de sa m�re font du jeune homme un handicap� � vie, et l'irr�solution de l'oedipe rend son rapport � la femme plus probl�matique que jamais. L'impasse est au bout de tous les chemins qu'il emprunte.

Le jusque-boutisme de l'irr�solution est bien la seule constance chez Victor, qui d�vie alors de la trajectoire de la plupart des personnages romanesques, de ceux qui � un moment de leur initiation accomplissent quelque exploit qui les rach�te. L'issue offerte est celle du renoncement le plus total. D'Arvor dresse un portrait irr�prochable et sond� aussi loin qu'il peut l'�tre de sa marionnette, dont le nom est un anagramme du sien, et la passion pour l'�criture et les femmes similaire. Un manipul� manipulateur ? Et l'auteur de jouer, ponctuant l'ensemble d'aphorismes de son cr� : " s�duire, c'est ne pas mourir ", " autour de la lumi�re il y a toujours des moucherons ". Chacun de ces �chos fait corps et lien avec le titre, judicieux, en opposition totale avec la s�ret� dont fait preuve l'auteur en conduisant son r�cit.

Un talent qui transpara�t tant dans la fluidit� et les sauts spacio- psychologiques de la narration, que dans ce style pr�cis et juste, o� chaque mot investit l'espace qui lui est r�serv� pour �pouser et faire aimer cette peinture des d�buts mouvement�s de la troisi�me R�publique. Pr�cision et justesse chez un journaliste sont des �l�ments que l'on peut � raison attendre, voire exiger ; mais ici l'�criture n'est journalistique que lorsqu'elle est certaine de servir l'imaginaire. Fiction sur fond d'histoire : la recette est simple mais elle restitue avec une intensit� particuli�re chacune des deux composantes, qui, � force d'�tre m�l�es et entrem�l�es, font valoir plus que jamais une couleur propre. Vivante description du milieu de la presse de la fin du si�cle dernier, faiblesse de l'engagement, Victor � l'Echo du Peuple, amant de femmes c�l�bres, h�te d'Emile Zola : ce roman est aussi moderne, malgr� le cadre dans lequel il prend place, que nous sont familiers ce temps et ces hommes. Moderne du flottement intellectuel, politique et relationnel contemporains. Moderne de par sa vivacit�, ses valses d'humeur et d'euphorie, et l'entrain � peine perceptible qui soutient un souffle de vie irr�solu jusqu'� sa fin.

J. L. N.



 
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