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Douleurs passag�res
| | Comment va la douleur ? Pascal Garnier Zulma
| Prix éditeur 16.00 euros
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Les personnages de Pascal Garnier pourraient presque �tre des n�tres, tant leurs douleurs et leurs d�rives nous sont famili�res� Une �uvre po�tique, pleine de questions et de dext�rit�.
Les �crivains sont-ils de grands m�lancoliques ? La m�lancolie, ce terreau de langueur et de sensibilit� Cette affection longue dur�e, source intarissable de lucidit�, dans laquelle les artistes ont toujours puis� leur d�tresse. Y a-t-il une pr�disposition, chez les auteurs, � cet �tat obscur de l��me ?
A vrai dire, � la lecture de Comment va la douleur ?, on a tout d�abord un sentiment tr�s puissant de d�j�-vu � ou plut�t de "d�j� ressenti". Comme si l�auteur parlait avec nos mots, ou que les pages de ce petit livre nous r�confortaient dans notre propre v�cu. Comme si les situations nous �taient emprunt�es, et restitu�es. Sauf que ce n�est pas une question d�histoire, ou d�intrigue : car ce sentiment tr�s fort de d�j�-ressenti r�side avant tout dans la po�sie du roman. Une po�sie savamment travaill�e, dilu�e dans des sc�nes ordinaires de la vie quotidienne : Pascal Garnier distille son amour des mots dans une s�rie de pr�textes, dont on n�est pourtant pas dupes.
Quand un po�te ne sait plus comment sortir de ses doutes, il compose des romans et joue le jeu de la modernit� Et la souffrance est partout. Dans les v�cus des personnages, dans ce qu�ils s�appr�tent � faire, et dans nos propres peurs aussi : comment peut-on autant se reconna�tre dans de simples interrogations ? Les �tres de papier forment un �cho � nos pens�es, l�indentification s�installe, et on se laisse guider. La m�lancolie s�est ramifi�e.
El�ments de r�ponse�
Elle va mal, la douleur. Car personne n�a vraiment de r�ponse, finalement, et les espoirs ne vivent que dans des croyances infiniment bancales. On en demande beaucoup, ou on se contente de bien peu, mais le point d�interrogation est toujours l� � plant� bien profond�ment. Pascal Garnier donne � ses personnages, et notamment � Bernard et Simon, une dimension presque palpable : on les suit et on guette leurs r�actions, en y cherchant un reflet � nos propres incertitudes. C�est ce qui fait sans doute l�essence des bons romans : un accessible m�lange de po�sie et d�humanit�, de bruits et de silences, de r�pugnance et de beaut�. La fatigue ne l�emporte jamais vraiment : les personnages avancent toujours, comme si leur vie en d�pendait. Et cela donne des id�es.
Quand on les regarde de plus pr�s, les personnages de Pascal Garnier ne sont vraiment bien qu�une fois r�unis : un peu comme dans Ensemble, c�est tout d�Anna Gavalda. Comme si le groupe pla�ait un couvercle sur nos m�lancolies : ou que la pr�sence des autres en constituaient un doux rem�de. Tous les �crivains ne sont peut-�tre pas de grands m�lancoliques, mais il en est, comme Pascal Garnier, qui proposent une lumi�re qui fait du bien : un �clairage qui fait qu�on �volue malgr� tout, et que les choses et les gens ne sont finalement pas si effrayants. Qu�il suffit de donner du temps au temps, comme on dit. Car avec le temps� Julien Canaux
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