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Lanzarote
| | Lanzarote Michel Houellebecq Flammarion
| Prix éditeur 22.71 euros
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"Le 14 d�cembre 1999, au milieu de l'apr�s-midi, j'ai pris conscience que mon r�veillon serait probablement rat�". C'est ainsi que commence le r�cit, par un aveu d'�chec, par l'avortement programm� de la joie. C'est aussi comme �a que le narrateur rentre dans la premi�re agence de voyage pour partir au loin.
Lanzarote se veut une r�flexion sur le passage au nouveau mill�naire. Evidemment, les maniaques de la terminologie discuteraient de l'erreur souvent commise qui avance d'une ann�e cette transition, mais attention, le narrateur a l'esprit d'observation : 2000 commence par 2, et �a, tout le monde le sait bien. Le voil� donc parti au milieu du monde, sur une �le br�l�e par la lave ; une �le volcanique, vide et cendr�e, sur laquelle il rencontre Pam et Barbara, un couple de lesbiennes allemandes, et Rudi, un rat� comme sait si bien les "inventer" Houellebecq. A c�t� du r�cit, des photos illustrent le paysage, comme les derni�res pi�ces � conviction d'un d�sespoir trop �vident.
Ses personnages ont la complexit� et la richesse de ce paysage volcanique � l'agonie. On se contente des �l�ments essentiels d�terminant leur constitution psychique : Barbara a une "petite chatte �pil�e avec une fente bien dessin�e", alors que celle de Pam est tr�s diff�rente, "blonde et fournie, avec un clitoris �pais". On le voit, � Lanzarote, on rencontre toute sorte d'individus, et les r�flexions qu'ils suscitent sont vertigineuses.
Leur histoire est modeste, voire sans int�r�t, mais nous r�v�le cependant la pesanteur de l'Histoire, l'incapacit� au renouveau, le suicide de l'avenir : Rudi se retrouve dans une secte archa�sante et p�dophile, tous les �l�ments du si�cle cens� �tre derri�re nous reviennent en force et en brutalit� ; la t�l� crache les images de guerres. Si bien que m�me la transition de l'�ge militaire � l'�ge industriel, annonc�e par le fondateur du positivisme d�s 1830, semble bien lente � s'accomplir. Une chose est s�re : on en a encore pour un certain temps avec le XXe si�cle.
Par souci de justice, on notera le cynisme et l'esprit de d�rision qui traversent le r�cit et qui en rendent la lecture agr�able. Et surtout, la finesse reconnue de l'auteur pour int�grer les �l�ments de la fiction, voire de la science-fiction, dans une r�alit� d�voil�e et �quivoque. Il y a une ma�trise derri�re tout �a, quelque chose d'ind�niable, qui ne fait cependant qu'apaiser la premi�re d�ception. Car si le mill�naire n'en finit pas, Michel Houellebecq lui-m�me manifeste une certaine difficult� � passer aux choses nouvelles et � abandonner les �l�ments maintenant us�s de ses anciens ouvrages.
Bref. "Le monde est de taille moyenne" peut-on lire � la premi�re page. Eh bien, Lanzarote aussi. F.Z.
+ lire le dossier Houellebecq
+ lire l'in�dit de Houellebecq
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