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L'acte de mordre
| | Morsure Dan Nisand Na�ve
| Prix éditeur 12.00 euros
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Pour son premier roman, Dan Nisand fait l��loge de la morsure et parvient � broder autour du th�me, entre banalit� et franche originalit�. Un roman qui sort les crocs !
On en arrive m�me � se poser la question : a-t-on jamais �prouv� ce besoin de mordre ? Le besoin de planter les dents dans quelque chose, quoi que ce soit, d�exercer une pression, puis de le d�chiqueter et de le r�duire � l��tat de lambeaux� Eh bien non. Mais il est vrai que Dan Nisand, ou du moins son narrateur, parviendrait presque � nous refiler son �trange addiction. Car ce protagoniste, dont le nom n�est pas mentionn�, a d�velopp� cette manie d�vorante et semble se d�lecter de l�analyser, sous toutes les coutures : comme si l�acte de mordre devenait un nouveau sens pour l�homme, ou une n�cessit� inextinguible pour �viter de devenir fou...
Les mots s�encha�nent � la perfection, et la banalit� des sc�nes d�crites s��clipse souvent derri�re cette bizarrerie, qui reste toujours l�, en filigrane. Professeur de son �tat, le � h�ros � de Nisand se pr�sente pourtant comme un �tre ordinaire, d�bonnaire et sans histoire(s). Mais sa passion pour la morsure semble le d�manger depuis toujours, et il finit par se prendre de passion pour son voisin� Ou plus exactement pour le chien du jeune homme, le f�roce Ivan. Car Ivan est un formidable rott�, un molosse � la gueule b�ante et baveuse� et son ma�tre semble ne l�avoir dress� que pour l�attaque ! Le transfert est alors vite fait : et notre narrateur se met � v�n�rer la B�te sans limite�
Croquez du creux�
Bizarre, vous pensez bizarre ? On dira plut�t surprenant� et formidablement bien construit. H�las, extraordinairement scolaire, aussi, et d�une �criture soign�e � de celle des plus sages �coliers. Dan Nisand n�a pas son pareil pour conter une histoire, on ne saurait dire le contraire : les derni�res pages tiennent d�ailleurs atrocement en haleine � et c�est le cas de le dire, tant le monstre Ivan y tient une place de choix. Mais on peut sans m�nagement remettre en question une trame pour le moins d�suette�
Ainsi, si la consistance des personnages compense sans conteste une certaine maigreur � notamment du livre lui-m�me �, on ne peut que noter l�absence de prise de risque. Reste une sensation intime de d�j�-vu, en fin de lecture� Ainsi qu�un constat qui nous fait sourire, alors qu�on vient de suivre une sc�ne finale plus qu�haletante : on s�est mordu l�int�rieur de la joue. Julien Canaux
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