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Roman � cr�dit
| | Que notre r�gne arrive James Graham Ballard Denoel
| Prix éditeur 22.00 euros
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Pour le coup, l�immense JG Ballard est le patron des patrons: on prend � presque � les m�mes et on recommence� Le roi serait-il fatigu� ?
Ne faites jamais vos courses avec JG Ballard. Ce vieux roublard arriverait � vous faire culpabiliser devant le LCD de vos r�ves. Toujours vert, l��crivain du fracass� Crash, travaille toujours dans les orni�res : dans Que notre r�gne arrive, il a choisi le consum�risme comme condition d��mergence du fascisme. Avec pas mal de suite dans les id�es, Millenium people et Super Cannes abordant peu ou prou les m�mes th�mes. Persistance diront ses admirateurs, les critiques anglo-saxons ont plut�t pench� pour l��cholalie : le vieux g�nie se r�p�terait-il ? Avouons-le, les points communs sont l�gion entre l�enqu�te que m�ne Richard Pearson, publicitaire anarcho-cynique, pour retrouver le meurtrier de son p�re dans son dernier opus et celle de David Markham, qui veut retrouver celui de sa femme dans Millenium people. Et les th�ses, pas tr�s �loign�es : insurrection des quartiers riches de Chelsea dans l�un et r�volte des banlieues chiantes dans l�autre. Grands bourgeois contre prol�tariat du tertiaire, en somme. L� o� les visions de JG Ballard perdent de leur force, c�est dans leur sp�cificit�. Densit� de population effrayante, � rat race � quotidienne, ennui lisse et polic�, d�dain subtil entre les classes : le sujet central � chaque fois, c�est l�Angleterre. Ses tentations racistes � eux aussi ont leur National front � matin�e de hooliganisme et son ennui grisement dissous sont le terreau id�al.
Ballard-Cr�teil
Un psy de comptoir y verrait certainement la cicatrice non encore referm�e de son retour au pays apr�s trois ans d�emprisonnement au Japon pendant la guerre. Qu�il aurait rompu avec l�Angleterre en la retrouvant, paradoxalement. Rupture pas encore consomm�e : Que notre r�gne arrive d�crit avec bien peu de mesure la naissance d�une nouvelle religion, d�une nouvelle fiert� : celle d��tre un banlieusard paum� entre les matchs de � 5th league � et son centre commercial, avec pour seuls horizons un terrain vague ou un pub. Seul motif de satisfaction : le Metro-centre, complexe m�galo-commercial o� s��vider tranquillement le week-end � coups de leasing et de carte de fid�lit�. Les banlieusards regagnent leur peu de fiert� � coups de poings et de croix de Saint-George, rouge sur fond blanc. Seulement voil� : sentir le squelette intellectuel, c�est la petite mort du roman � th�se. Et la narration dans Que notre r�gne arrive n�est pas bien �paisse. Ce qu�il y avait de jouissif dans Millenium people, la maitresse de maison qui �crase son propre parterre floral, est dans son dernier opus presque� normal. On tenterait presque l��pith�te hollywoodien, mais il ne faut pas trop toucher aux ic�nes. Ballard m�rite mieux. Et puis quitte � d�crire le centre commercial du coin comme une cath�drale, restait juste � d�raper dans le fantastique, ce qui aurait �t� formidable, sans mauvais jeu de mots. Pass�e la l�g�re d�ception restent de formidables figures de style et une posture proto-punk fascinante chez un homme de cet �ge � 78 ans au compteur. Pour des si�cles, des soldes. Amen. Laurent Simon
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