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Histoire d'inconscient
| | Les paupi�res Yoko Ogawa actes sud
| Prix éditeur 18.00 euros
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Entre souvenirs, fantasmes et obsessions, le voyage dans l'inconscient de Yoko Ogawa d�route...
En mati�re de fantastique, les cin�astes japonais n�ont pas de le�on � recevoir. Rappelez-vous les terrifiants Ring, Kairo, ou encore Cure. A la fronti�re du cin�ma d�horreur, ces films d�gagent une atmosph�re des plus angoissante mais �trange et p�n�trante � la fois. Le recueil de Yoko Ogawa poss�de la m�me. L�auteur invite son lecteur � voyager dans le pass� et plus loin encore dans l�inconscient. Les huit nouvelles qui composent ce recueil, bien qu�ind�pendantes, ouvrent les portes d'une m�moire et de fantasmes communs. Si bien que la distance entre la conscience et le r�ve se r�tr�cit pour finir par se rejoindre. La sensation d��tranget� na�t de cela. Yoko Ogawa commence � emmener son lecteur en douceur � travers deux nouvelles chaudes et rassurantes. Dans la premi�re, une jeune femme qui peine � s�endormir en avion se laisse bercer par le r�cit de son voisin. Celui-ci lui raconte son premier vol vers l�Autriche, durant lequel il a rencontr� une dr�le de grand-m�re. La seconde met en sc�ne un couple qui re�oit de la part d�une vieille dame des pousses de l�gumes chinois qui, en se d�veloppant, se transforment en tiges phosphorescentes. Po�sie et Fantastique dominent. Mais au fur et � mesure des autres nouvelles, l�angoisse se fait de plus en plus lourde. On rencontre une jeune femme qui coupe les doigts de ses amants, un kidnappeur d�adolescentes auxquelles il arrache les paupi�res et une s�ur fascin�e par le bras gangren� de son fr�re. L�univers fantasmatique de l�inconscient se fait plus pr�gnant. Les voix des narratrices successives se fondent en une seule pour p�n�trer dans les obsessions que l�on devine �tre celles de Yoko Ogawa. Les odeurs, la pluie, la piscine et la mutilation reviennent compulsivement. L�auteur analyse en profondeur ses sentiments et laisse ainsi appara�tre ses perversions. Parachut� de l�autre c�t� de la conscience, le lecteur perd ses rep�res. Malgr� la pr�sence d�un cadre dans chacun des r�cits : un avion, un h�tel, une chambre et des descriptions, le rapport � l�espace et au temps se r�v�le sans prise. Car les personnages sont d�pourvus de noms et les indications g�ographiques sont inexistantes, comme pour recr�er le m�canisme du r�ve. Difficile alors de discerner la part de r�el de celle de l�irr�el. Il faut se laisser emporter. Doreen Bodin
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