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Au revoir tristesse...
| | La Mer John Banville Robert Laffont
| Prix éditeur 20.00 euros
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Elegance, d�licatesse, narration impeccable� Avec La Mer, roman d�introspection, John Banville n�a pas vol� le Booker Prize en 2005. Amour, deuil et psychanalyse� Un vrai manuel, avec traduction fran�aise � la hauteur, s�il vous pla�t.
Le roman psychologique anglo-saxon est certainement � l�autofiction parisienne d�aujourd�hui ce que l�huile est au vinaigre. Il nage implacablement au-dessus. John Banville, soixante ans et irlandais, en donne une d�monstration de plus. Aucune ronflerie pr�fabriqu�e dans ces 250 pages. Et pourtant le sujet pouvait pr�ter le flanc aux errements romantiques qui sonnent creux. Mais � voir l��criture cisel�e de John Banville, on ne peut pas soup�onner l�individu de c�der � ces facilit�s. Max, le personnage central du roman, non plus. Veuf apr�s la mort d�Anna, l�amour de sa vie, il choisit de retourner affronter � la source les traces d�un pass� qui � cogne comme un second coeur �. Cette source est au bord de la mer, dans une station baln�aire coquette, o� un �t� seulement fa�onna l�homme qui se retourne aujourd�hui sur lui-m�me. Le trou est l�, noir et hant�. Humblement, il cherche pendant son s�jour le pont vers l�autre rive. Pour comprendre la faille et vivre avec. L��l�gance avec laquelle Max nous emm�ne sur ces chemins qu�il (re)parcourt est ce qu�il y a de plus admirable. A c�t� de cette exploration int�rieure prenante, un roman fran�ais contemporain ordinaire est insipide de complaisance narcissico-narcissique vulgaire.
A l�ombre d�un vieil homme qui fane...
Au fil de son s�jour, h�berg� par un colonel et une vieille fille, Max red�couvre qu�avant, bien avant Anna, pendant cet �t� de vacances, il y avait eu Chlo�. Et quelle Chlo� ! Adorable petite emmerdeuse, �moustillante et dangereuse, dont la douceur est aussi d�lectable que les brimades sont cinglantes. Une superLolita mutine, joueuse, un peu gar�onne, tr�s enfantine donc tr�s perverse, de celles qui marquent au fer rouge les premiers �mois d�un jeune gar�on timide. Ajoutez-y un jumeau gar�on, ambig� et androgyne, et une m�re exhibitionniste d�voreuse. Vous avez les tourments du d�sir primordial au grand complet. Ce qui s�annon�ait comme des vacances innocentes s�av�re en r�alit� bien lourd de cons�quences. Au fil du r�cit, qui s'acc�l�re jusqu'� donner la cl� de tout, on comprendra que faire le deuil d�Anna exige qu�un autre deuil, plus ancien et plus aig� soit fait. Il le sera.
La lib�ration
Le roman laisse la p�n�trante sensation d�un n�ud mouill� qui s'ass�che et se lubrifie lentement, pour se d�faire sans douleur et pour de bon. Un doute par phrase, souvenir par souvenir, et le canevas se tisse comme une psychanalyse au long cours. Jamais et il faut le stabiloter trois fois, jamais de pathos dans cette histoire aussi dense et pr�cise. Les unes apr�s les autres, les �motions sont restitu�es, riches parce qu' intactes dans leur contexte, sans jugements retrospectifs. La modestie face � la vie, le sens du d�tail, l�honn�tet� face au d�sir l�emportent syst�matiquement sur l�orgueil, ses falsifications, et tous les autres aveuglements du moi. Ce qui s�est pass� s�est pass�. Avoir le courage d�admettre est une premi�re r�demption. Comme le disait Fran�ois Bayrou, il y a quelques semaines (si, si�), on est vraiment fort quand on sait qu�on est faible. Qui a contempl� la mer en est convaincu. Cette Mer l� est une authentique et tr�s rare le�on. Marc de Launay
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