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Woody dans tous ses �tats
| | L'erreur est humaine Woody Allen Flammarion
| Prix éditeur 19.00 euros
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Woody Allen renoue avec la com�die dans un recueil de nouvelles aussi absurdes que jubilatoires. Ne faites pas l�erreur de passer � c�t�.
Il ne suffit pas, pour imiter Woody Allen, de b�gayer quelques r�flexions paniqu�es en portant une paire de lunettes rondes et le cheveu en bataille. N�est pas Woody qui veut. Depuis pr�s de cinquante ans, le cin�aste am�ricain a en effet maintes fois prouv� qu�il �tait bien plus qu�un petit bonhomme accoutr� d�un costume d�suet. Com�dien singulier, sc�nariste de g�nie, il est surtout le r�alisateur d�un bon nombre de chefs-d��uvre. C�est pourtant dans le r�le plus surprenant d��crivain que nous le retrouvons aujourd�hui avec la parution de L�erreur est humaine. Dans ce recueil de nouvelles, l�auteur de Dieu, Shakespeare et moi imagine une succession de situations burlesques et met en sc�ne une vingtaine de personnages hilarants. Comment ne pas s�amuser de cet homme qui fait fortune en vendant des pri�res personnalis�es sur le site de ventes aux ench�res Ebay ? Et que dire de cet autre qui p�n�tre dans une boutique dans le but d�acheter un costume classique et qui se voit proposer par un olibrius de la vente un complet permettant de recharger son t�l�phone portable ?
Destins tordus
Les �changes entre les personnages sont � la fois cinglants et jouissifs, l�exemple le plus probant se trouvant sans aucun doute dans Les jolies colonies de vacances. Monsieur Varnishke, directeur d�un camp de vacances destin� � enseigner aux enfants les rudiments du septi�me art, r�clame au p�re de l�un de ses colons un pourcentage substantiel sur les seize millions de dollars qu�offre la soci�t� Miramax pour les droits du film r�alis� par le gar�on au cours de l��t�. Le ton des courriers, d�abord courtois, tourne rapidement au vinaigre et tandis que le p�re du r�alisateur en herbe ironise sur le physique de madame Varnishke, monsieur son �poux, en r�ponse, s�en prend directement au rejeton, � cet abruti des Carpates qui a eu la chance de ne fr�quenter que des �coles priv�es, en plus de ses cours particuliers, ce qui ne l�emp�che pourtant pas d��tre incapable de se rappeler de son nom sans v�rifier sur l��tiquette de son tee-shirt. � Dans L�erreur est humaine, Woody Allen ne cherche pas seulement � nous amuser ; il pointe du doigt les d�rives d�un univers qu�il conna�t bien, celui du cin�ma. En retranscrivant le t�moignage de Mickey Mouse - profession : � rongeur anim� � - au faux proc�s qu�intente la Walt Disney Compagny � son ex-pr�sident, il titille � sa fa�on l�industrie hollywoodienne. De m�me, il s�amuse des codes du genre policier en imaginant les histoires d�un dentiste dont la platitude des propos finit pas tuer ses patients et d�un couple de malfrats qui s�me la terreur en volant des �tiquettes de matelas : �Jusqu�alors, d�clara Maud Figgins, l�institutrice, quand je sortais, je laissais toujours mes matelas � la maison. Maintenant, � chaque fois que je m�en vais de chez moi, que ce soit pour faire des courses ou pour d�ner avec des amis, je suis oblig�e d�emporter tous mes matelas.� La litt�rature et la philosophie demeurent les domaines de pr�dilection d�Allen qui, dans la nouvelle intitul�e Ainsi mangeait Zarathoustra, nous offre quelques extraits d�un ouvrage �videmment apocryphe de Nietzsche, Mes secrets minceurs et en profite pour se jouer des grands penseurs : � Aucun philosophe n�a pu associer la culpabilit� li�e � la prise de poids, jusqu�� ce que Descartes fasse la distinction entre l�esprit et le corps, permettant au corps de se gaver tandis que l�esprit se disait : "Je pense, donc c�est pas moi." � Bien que toutes les nouvelles figurant dans L�erreur est humaine ne soient pas in�dites, ce nouveau recueil nous plonge dans le meilleur de Woody Allen. Tout le monde dit I love you et en redemande. Ellen Salvi
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