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Une �le de questions
| | La Clameur des t�n�bres Neil Bissoondath Ph�bus
| Prix éditeur 20.00 euros
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Une �le est toujours un myst�re entour� d�eau : Bissoondath l�a bien compris, et a peupl� son dernier roman de personnages intrigants� Une �uvre dense et pleine d�images.
Parfois, c�est dans les interstices que se trouvent les meilleures id�es, et que r�sident les plus belles �vidences. Malgr� la densit� du propos, derri�re les tournures quelque peu d�su�tes ou alambiqu�es, et m�me dans les lourdeurs assum�es du style, le talent est omnipr�sent� On aurait tort d�avoir � redire � ce roman majeur, � cette �uvre d�une acuit� inou�e. C�est bien simple, les aspirants �crivains devraient en prendre de la graine� Car dans ce d�dale de d�tails et de descriptions fouill�es, dans cette apologie des possibilit�s litt�raires et des images odorantes, le lecteur n�a de cesse de se plonger dans un r�alisme sans limites.
Dans cette �le imaginaire, la culture indienne se ramifie dans les moindres d�cors : comme si l�Inde et le Sri Lanka, et peut-�tre d�autres contr�es, avec leur s�cheresse, leurs couleurs arides et leurs senteurs sp�cifiques, �taient constamment mises � l�honneur. Lors de la lecture, on a constamment � l�esprit les images rebattues d�enfants sillonnant les rues, ou celles, plus r�centes, d�une Inde moderne� Mais on comprend tr�s vite qu�il n�en est rien. L��le de La Clameur des t�n�bres est purement fictive, et ne devrait �tre rattach�e � rien sinon aux incoh�rences de notre �poque�
Des images et des hommes
Dans La Clameur des t�n�bres, il est bien question de �a : de tout ce qui fait l�homme, de ses aspirations les plus nobles � ses contradictions les plus d�concertantes. Bissoondath, avec son amour du vrai et du d�tail, cultive tout au long du roman un m�lange de v�rit� et de mensonge. Et, quelque part dans tout �a, les personnages ont la part belle� Bissoondath l�explique lui-m�me : ses personnages s�imposent d�eux-m�mes, ils ont "besoin de sortir" � un moment donn�. Des personnages qui auraient presque une vie propre, et qui le tanneraient pour s�exprimer�
On suit donc Arun, un jeune instituteur de 21 ans et unijambiste, qui d�cide de se rendre dans cette �le fameuse. Mais il n�y trouvera rien de ce qu�il y �tait venu chercher : rien de moins que les horreurs de la guerre civile, qui s�vit dans cet �lot, et une certaine philosophie qui transpire du regard des habitants, parfois d�sabus�s. La communaut� dans laquelle il s�immerge va d�ailleurs tr�s vite lui renvoyer un monde d�incompr�hension ; et notre jeune prof, qui �tait venu l� pour se prouver des choses et pour montrer que l�instruction peut venir � bout des pires inimiti�s, se retrouve seul face � lui-m�me. Le monde ne s��duque t-il qu�� travers la connaissance de soi et de l�autre, finalement ? Gr�ce � ce roman, aussi vaste qu�un territoire insulaire, on comprend surtout que les t�n�bres ne sont jamais noires. Elles sont fertiles, pleines d'images, et nourrissent l�imagination� Julien Canaux
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