|
|
Au del� de cette limite
| | Expiration Anna Borrel Deno�l
| Prix éditeur 18.00 euros
|
Anna Borrel, journaliste � Marianne signe ici un roman d�anticipation qui explore une soci�t� pour qui la fracture sociale est un doux euph�misme. Expiration ou le souffle d�un bon premier roman�
Il ne faut pas confondre science politique-fiction et science-fiction politique. Le premier correspond aux projections de si�ges parlementaires lors de l�entre-deux tours des l�gislatives. Le deuxi�me s�apparente � un genre litt�raire de plus en plus r�pandu chez les journalistes. Car si Orwell, Huxley ou K. Dick, notamment, donn�rent ses premi�res lettres de noblesse � l�anticipation, il est de plus en plus courant de voir le genre se reproduire chez les journalistes avec Zemour, Algoud ou Borrel. La technique est simple : prendre des th�mes forts de l�actualit� (pr�sidentielles, ins�curit�, �cologie�), les plaquer sur une intrigue, amoureuse ou polici�re et vous obtenez un bon Globalia, voire une prometteuse expiration
Dans Paris
Expiration donc. Anna Borrel trouve son inspiration dans la crise des banlieues de novembre 2005. Elle y d�peint dans un futur pas tr�s �loign�, un Paris lui tr�s �loign�. La d�centralisation de Raffarin a �chou� et la France est d�coup�e en zones concentriques
autour de Paris. Autant le dire, il n�y a que dans la capitale qu�il est possible de vivre. La fracture de la ville avec le reste du pays est immense. Seuls les riches vivent dans cette zone 1. A quel prix ? Un temple du savoir, la Sorbonne, devient le temple du commerce, du centre commercial m�me. Au loin, les affrontements entre les banlieusards et les forces de l�ordre, aux portes de Paris (la porte d�Asni�res crachotait ses derniers �meutiers) accompagnent l�enqu�te de Dessandres. Christian Dessandres est inspecteur. Il tente d�attraper l'une des trop rares places de l�ascenseur social pour s�installer en zone 1, lui qui vient d�Orl�ans, la zone. Il doit pour cela r�soudre la disparition d�un corps - il n�y a �videmment pas de crime dans cette soci�t� �id�ale�.
Holly holo
La subtilit� de la SF r�side dans l�art de trouver de bonnes id�es. Dans le film Les fils de l�homme, la soci�t� ne subissait pas de transformation r�volutionnaire dans le futur, sinon cette incessante pr�sence de l�hologramme. De son c�t�, Borrel fait preuve d�une certaine �l�gance d��criture pour d�crire ce Paris anxiog�ne, o� les morts sont programm�es, o� les riches se clonent pour le rester. Dans sa projection, il reste m�me des restes de Royal, puisque la plupart des habitants de la zone 1 portent deux noms : Petit-Chatel, Prez-Richelieu, Quintin-Meyer. Mais les hommes se reproduisent sans amour.�Avant, les femmes relevaient de ce qu�il appelait les loisirs non payants.(�) L�homme devait faire mine de s�int�resser � l�existence de la femme, poser des questions idiotes(�) il n�avait jamais compris la n�cessit� de ces parades verbales et craignait de s�emm�ler dans une pelote de digressions oiseuses. �. Les rapports humains sont annihil�s et laissent place au r�gne du Holo : holopub, holosexe, hollowman. Car l�homme n�est plus que l�ombre de lui-m�me. Il semble se rapprocher de plus en plus de sa date d�expiration. Que le dernier survivant �teigne la lumi�re en partant. Charles Patin O'Coohoon
| | |