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Les marcheurs d�ambulants
| | corps volatils Jakuta Alikavazovic L'Olivier
| Prix éditeur 20.00 euros
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Quand le pass� envahit le pr�sent, le temps s�arr�te. Indiff�rents � tout, Estella et Colin marchent sur des morceaux de leur enfance. Des Corps Volatils qui d�ambulent � la recherche d�une r�ponse�
Jakuta Alikavasovic aime les individus d�cal�s. Avant de publier ce premier roman aux �ditions de L�Olivier, elle a �crit pour la jeunesse. Dans Holmes et moi d�j�, Armand son protagoniste �tait solitaire et marginal. Trop intelligent et critique pour s�adapter ais�ment � un monde mat�rialiste.
Le d�senchantement caract�rise ses personnages. Colin ressemble d�ailleurs beaucoup � Armand. Il appara�t comme une continuit� de ce dernier. N�anmoins il a vieilli et sa part sombre s�est �toff�e. On retrouve aussi Quentin, le m�decin anesth�siste imbu de lui-m�me et provocateur. Ainsi que cette atmosph�re lourde jusqu�� l��crasement parfois. Jakuta Alikavasovic d�ploie et laisse �clater un univers fantastique nocturne et morbide qui rappelle Villiers de L�Isle Adam.
Colin et Estella se retrouvent tout � fait par hasard � l�h�pital o� travaille Quentin, apr�s s��tre perdus de vue quinze ans auparavant. Ins�parables enfants, ils passaient leur temps dans la maison d�Estella � espionner l�inqui�tant John Volstead. Ecrivain d�une intelligence surprenante, le p�re de la petite fille les fascinait. D�pressif, il a fini par se suicider. Devenu une figure fantomatique omnipr�sente, il hante l�esprit d�Estella et de son entourage. Avec l�aide de Colin, elle essaie de recomposer les souvenirs qu�elle a de lui. Les deux jeunes gens d�ambulent somnambules entre pass� et pr�sent, r�ve et r�alit�. Ni le temps, ni le monde ne semblent avoir de prise sur eux. Comme s�ils �taient de pures abstractions. L�alcool et les somnif�res qu�ils ing�rent les plongeant dans une sorte d�intemporalit� perp�tuelle. Ils voyagent parmi les d�dales de leurs souvenirs et de leur inconscient afin de recomposer les derniers instants de la vie de John Volstead. De cet espace clos na�t un monde ensommeill� infini rempli de signes �tranges qui se r�percutent dans la r�alit�.
Ces corps flottants perdus dans des d�cors tout aussi immat�riels sont port�s par une �criture tr�s litt�raire. Les descriptions sont d�taill�es. Le vocabulaire est aussi soutenu que pr�cis. L�ensemble donne au r�cit une architecture solide sur laquelle l�auteur peut s�appuyer pour, paradoxalement lib�rer une plume qui glisse avec aisance. Un premier roman tr�s r�ussi. Doreen Bodin
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