|
|
Coeurs grenadine
| | Pop Heart Barbara Isra�l Scali
| Prix éditeur 19.00 euros
|
Deux gar�ons, une fille� beaucoup de possibilit�s. Les (anti) h�ros de Barbara Isra�l sentent bon la nostalgie des eighties, et nous ram�neraient presque � une �poque qu�on n�a pas tellement connu�
La bande-son est omnipr�sente. Les pages se tournent sur fond des Smiths, des Pet Shop Boys et d�autres groupes tubesques des ann�es 80... On ne pourrait se soustraire au c�t� audio de ce chouette premier roman, qu�on saurait conseiller � tout lecteur d�sireux de s�approprier une �poque bien remplie. Une p�riode o� le rock et la pop permettaient encore de s�identifier � des groupes un peu spirituels, et o� regarder devant soi ne revenait pas forc�ment � fixer l�ennui t�l�visuel� Avec Pop heart, qui est sign� comme un album r�tro, Barbara Isra�l nous plonge avec d�lice dans un bain de jouvence, et c�est bien simple : on n�y oppose aucune r�sistance.
On se pla�t � suivre ces trois � vieux ados � que sont Mo�se, Antoine et Zac. A trente ans, ces trois-l� vivent encore chez papa-maman et passent le plus clair de leurs soir�es dans le peu fr�quentable, et dans le tout disloqu�. Ils draguent, ils gobent des ecstas, ils se shootent au son de leur �poque, ils sniffent leurs envies dans l�espoir d��toffer un peu leur carapace� Mais ils s�y prennent souvent tr�s mal. Dans ce trio, qui flirte parfois avec le threesome (sorte de triangle amoureux et sexuel), on a d�abord Mo�se, � une fille qui ne sait jamais ce qu�elle veut ni ce qu�elle regrette ni ce qu�elle veut regretter ni encore ce qu�elle regrette vouloir �. La jeune femme est souvent flanqu�e d�Antoine, le bel�tre aux cheveux longs, et de Zac, qui d�sire furieusement Antoine mais qu�Antoine a furieusement �chaud�. Pour les jeunes des ann�es 90 cette fois : on ne peut que penser au fameux Deux gar�ons, une fille, trois possibilit�s, qui proposait le m�me triangle sulfureux�
Fans des ann�es 80
Compos� comme un journal intime � trois voix, le roman est construit sur la jonction de plusieurs focalisations : ainsi, il permet de suivre les narrations personnelles de chacun des personnages. Et de ne jamais en perdre une miette sur � qui-pense-quoi-de-qui �, au passage� On se sent donc au courant de tout, constamment, comme si l�on faisait partie des murs. Barbara Isra�l s�amuse ainsi � tordre ses personnages, � les lier et les d�lier comme les paroles sucr�es d�une chanson pop ; et l�on suit leurs m�saventures, dans une oralit� et un d�tachement des conventions d�concertants.
Ce qu�il advient des protagonistes, de l�intrigue ou des dialogues eux-m�mes n�est jamais t�l�guid� par une quelconque volont� de biens�ance : il n�y a pas un mot de trop, le style �vite le pompeux et l�auteure se pla�t � surprendre, constamment, pour contourner les lieux communs.
Il y a une vraie nostalgie, dans Pop heart. Une sorte de velout� m�tin� de m�lancolie, mais on n��prouve jamais de regret � cette variante somme toute plus vile de la nostalgie. Dans ce joli premier roman, aux aspects de partition musicale, la jeunesse et les c�urs ont un doux parfum grenadine... Julien Canaux
| | |