Les souris ont parfois du mal � gravir la montagne Vincent Ravalec Seuil

Prix éditeur 14.94 euros

Un petit bijou. Rigolo, l�ger ; sans en avoir l'air une fine analyse d'une exp�rience dont le principal int�ress� est sorti grandi mais toujours modeste.

Ce livre pas comme les autres est n� d'un projet de making-off qui n'a pas abouti : mais qui offre � la fois dans le texte et dans les images qui le pars�ment cette touche visuelle divertissante et tout � fait cin�matographique. Logique : l'objectif de ce qu'on pourrait quasiment appeler un cahier intime est de retracer une partie du calvaire v�cu par Vincent Ravalec lorsqu'il a d�cid� de se lancer dans l'entreprise p�rilleuse qu'est la r�alisation.

Le texte entier est d'un humour irr�sistible : un pur moment de v�rit�, mais celle-ci est toujours exprim�e dans l'autod�rision et au rythme rocambolesque des cascades intervenues sur le plateau du tournage. Une tentative de suicide, un adoubement Napol�onien, du voyeurisme � Cap d'Agde. Proust qui envoie Charles Swann comme archange salvateur. Discours galvanisant, castings cocasses, langues de putes et consort. Prises de t�tes au festival du Court M�trage de Ch�illes-les-Bains, coups de flip et escapades en train, d�jeuners pantagru�liques, et surtout, trop rares instants de tranquillit� que l'auteur met � profit pour �crire, �crire, �crire pour ne pas se perdre, quitter l'�il noir de la cam�ra. Une �criture aussi physique que l'endurance qu'il lui a fallu pour garder le script dans une main, et le porte-voix au poing � d�faut de pouvoir s'en servir pour autre chose.

Cantique des cantiques, les Souris ont parfois du mal � gravir la montagne se veut l'�uvre qui t�moigne de l'amour de Ravalec pour tout ce qui peut constituer une parcelle de l'Art, qu'il tente d'explorer sous toutes ses facettes. Des affres de la cr�ation il passe au myst�re de cette derni�re : la derni�re image qui nous reste est celle qui vient, ainsi que le festival de Cannes, couronner tous ses efforts. Encore un long chemin pour se sentir digne de Marcel, mais l'�uvre est belle de tous ses impr�vus, d�rapages et imperfections.

Les d�ceptions de l'aventure ne viennent pas se poser en �cran sur tout l'apprentissage qui en a r�sult� : malgr� la peine de Ravalec � se voir promu au rang de " Monsieur Vautour Casse-couilles " et malgr� ses hallucinations et ses sudations quotidiennes, Ravalec n'est pas pr�t de prendre cong�, dans le cin�ma ou ailleurs. Premi�re et derni�re exp�rience cin� : cela est d�menti d�s apr�s la Gen�se. L'ascension se poursuit malgr� elle. Et heureusement qu'il en est ainsi, nous serions les premiers d��us du contraire. Le virus de la cr�ation est en lui, on lui souhaite d'�tre malade encore longtemps.

Louise de Visscher