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Sans facilit�s
| | L'homme facile Catherine Breillat Livre de poche
| Prix éditeur 3.35 euros
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Premier roman qu'il faut d�couvrir. Nouveau dans les ann�es 1960, pr�curseur, aux effluves de rance et de scandale ; attributs qui demeurent et qui provoquent les m�mes sensations une trentaine d'ann�es plus tard.
Breillat n'a peur de rien, il suffit pour s'en convaincre de se souvenir qu'elle est aussi la sc�nariste � la fois salu�e et controvers�e de Romance. Coup de chapeau bien bas � cette juv�nile �crivaine de dix-sept ans qui parvint � pondre, un an avant la " lib�ration " soixante-huitarde, L'homme facile . Coup de chapeau � cette m�me fillette-femme qui, dans la plus parfaite ad�quation avec l'avant-garde d'alors, est toujours consid�r�e comme faisant partie de l'avant-garde d'aujourd'hui. Comme si Catherine Breillat avait su rester la m�me tout en changeant avec les mouvements et les cadences impos�es par le temps, mais que tous les auteurs ne parviennent pas � imprimer avec la m�me aisance et le m�me naturel � leur �uvre.
Ainsi L'homme facile est un homme de toujours. Fascin� par une silhouette, par un imaginaire chevill� � sa libido et � une sexualit� d�bordante, d�bord�e ; mais pas si d�brid�e qu'il y para�t, en terme de prise de distance par rapport � l'autre, par rapport � soi. L'Obsession n'est pas jamais ma�tresse de quiconque. Fascination pour une entrejambe qui s'offre, d�go�t, chute �crasante de tous les sens, larmes. Faiblesse. L'homme est une pulsion qui finit par regretter le moindre abandon, qu'il s'agisse du sien ou de celui de sa partenaire. La romanci�re met en exergue cet homme et toute son animalit�, sa violence inassouvie, ses morsures douteuses et enivr�es aux allures de caresses.
Au-del� d'une brutalit� non ma�trisable qui frappe toujours plus fort parce la femme subjugue, met sous son joug ; pas de mot, silences psych�d�liques. Mouvements psych�d�liques, sexuels, dont la syncope est au service de cette �criture aux soubresauts prosa�ques et po�tiques. L� et lui. Anonyme et beaut� de l'anonyme, des yeux ferm�s et inconscients, des corps ouverts. Breillat r�sume tout ce qu'il faut savoir de l'Homme. De ses facilit�s. Des riens qui le font survivre malgr� la pourriture qui l'envahit d�s sa naissance, qui l'abandonne l'espace d'un acte pour le reprendre et l'�carteler aussi subrepticement que rageusement.
Pris entre un m�tro qui part, un autre qui revient � la charge, dans le d�versement d'un flot de visages et de mains tous aussi faciles les uns que les autres ; recommencement, r�p�tition au gr� d'un rythme soutenu et infatigable. On sort essouffl� des lignes de Catherine Breillat. O.M.
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