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Confessions d�un homme dangereux
| | Notes pour un roman sur la sexualit� suivi de Parc Monceau Pierre Drieu la Rochelle Gallimard
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Pierre Drieu la Rochelle n�en finit pas de nous �tonner. Pr�s de soixante ans apr�s sa mort, la publication de ses Notes pour un roman sur la sexualit� l�ve un nouveau voile sur ce personnage � facettes. Confidences intimes.
Drieu cultivait l�art du paradoxe. �crivain engag�, � socialiste et fasciste �, il se rangea sous l�Occupation du c�t� des collaborateurs. Romancier de g�nie, auteur du c�l�bre Feu follet, il se lia quelque temps avec les surr�alistes avant de leur tourner le dos en signant � La v�ritable erreur des surr�alistes �, article publi� dans la NRF en 1925. Libertin, il multiplia les conqu�tes f�minines et se maria deux fois avant de divorcer rapidement de chacune de ces unions. Toutes ces descriptions, aussi justes soit-elles, ne refl�tent qu�une part de la personnalit� hors du commun de Drieu. Une personnalit� baign�e de clair-obscur. Mais aujourd�hui, un mythe, celui de � l�homme couvert de femmes �, est d�truit. Dans ses Notes pour un roman sur la sexualit�, r�dig�es en 1943 et rest�es in�dites depuis lors, l�auteur du sulfureux Gilles se met � nu et retrace sans ambages le chemin de croix que fut son �ducation sexuelle.
D�sirs inassouvis
�lev� au grain des valeurs bourgeoises et des interdits d�ordre social et religieux, Drieu fut un adolescent frustr�. � dix-sept ans et demi, il perdit sa virginit� dans les bras d�une prostitu�e � laide et vulgaire et pas tr�s jeune � qui le mit en garde contre les maladies. En d�pit de cet avertissement, le jeune homme commen�a � fr�quenter de loin en loin les bordels avant d�attraper une blennorragie et de contracter la syphilis : � Horrible g�ne, sentiment affreux de honte et de salissure. [�] Il a pris le sens du p�ch� par l�exp�rience de la souillure. � Pour Drieu, la sexualit� est forc�ment coupable. Outre son attirance pour les femmes de mauvaise vie, l��crivain juge assez s�v�rement la relation �dipienne qu�il entretint avec sa m�re, de m�me que l�attraction inexplicable qu�exerc�rent sur lui certains hommes : � � neuf ans, il est avec sa m�re au bord de la mer et son p�re, arriv� dans la nuit, est le matin dans la chambre de sa m�re. Quand il entre, il croyait la trouver seule, il se jette sur elle et, apercevant son sein, il se jette sur lui et le mord. Amour-jalousie. De m�me, il avait pris en haine par jalousie le gar�on qu�il pr�f�rait au coll�ge et un jour l�avait battu. Il avait envie de l�embrasser et de le mordre en m�me temps. � Si Drieu s�est peu � peu d�gourdi avec l��ge, la sexualit� est toujours rest�e � ses yeux un probl�me crucial. Aussi a-t-il choisi, au moment de passer aux aveux, d�employer la troisi�me personne du singulier, un emploi �videmment superflu, l��crivain lui-m�me en �tait sans doute conscient.
Journal d�un homme tromp�
Un lecteur averti retrouvera dans ces Notes quelques-uns des �pisodes romanesques qui traversent l��uvre de Drieu. Peut-�tre d�couvrira-t-il �galement une poign�e d��l�ments biographiques in�dits, remarquablement pr�sent�s par Julien Hervier. Mais ces quelques r�flexions d�cousues, jet�es � la h�te sur le papier, ne permettent pas de se faire une v�ritable id�e du talent de Drieu. Elles engagent toutefois immanquablement � loucher du c�t� de ses autres textes. Au reste, ces notes sont un t�moignage bouleversant dans lequel apparaissent les f�lures d�un homme qui manifesta tr�s t�t � une volont� de ne pas bien vivre ou une mauvaise volont� � vivre. � Ellen Salvi
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