Les chewing-gums ne sont pas biod�gradables Ann Scott SCALI

Prix éditeur 18.00 euros

Un roman graphique ? La perspective est amusante, et intrigante � la fois : un peu comme ce curieux titre, Les chewing-gums ne sont pas biod�gradables... On parcourt rapidement les pages, et effectivement, les dessins sont l�, � ponctuer les sc�nes les plus pr�gnantes du roman...

On retrouve m�me des saveurs de notre adolescence, quand on lisait les collections "jeunesse" : avec ces petites phrases, en-dessous des croquis, qui nous resituent dans le fil du texte. Mais si les illustrations de Gabriel Gay ont leur place, dans ce nouveau roman tr�s attendu d'Ann Scott - les images sont d'ailleurs utilis�es pour renforcer une �criture qui, � la base, est elle-m�me fortement visuelle -, leur pr�sence n'est pas n�cessaire � l'histoire.
Une histoire qui se lit vraiment bien, soit dit en passant... On retrouve la patte d'Ann Scott, ce fameux style qui nous avait fait vibrer quelques ann�es plus t�t - avec le fameux Superstars - et que l'on retrouve, intact. L'auteure a ceci de particulier qu'elle combine son savoir-faire litt�raire avec son savoir �tre personnel : ainsi, un respect infini d�coule de ses �crits, et tout est fait ou presque pour ne jamais ennuyer le lecteur. Jamais complaisante, l'�criture est limpide comme toujours : et c'est l'histoire qui prime, sans fard inutile.

Fallait pas l'inviter...

Dans ce petit roman, qui est d�finitivement trop court, il est question de vacances qui tournent au vinaigre. En invitant quelques amis � la campagne, Ann, l'h�ro�ne, croyait pourtant avoir tout organis� : la maison familiale, une imposante propri�t� pourvue d'une bonne grosse piscine, avait �t� r�quisitionn�e pour quelques jours, et tout semblait rouler. Les invit�s eux-m�mes avaient �t� tri�s sur le volet : musiciens un peu underground, jeunes na�ades, beautiful people... On se projetait d�j� dans les clips les plus bling bling de MTV Base !
Mais c'�tait sans compter Nate Miller, un c�l�bre - et exigeant - �crivain am�ricain qu'un malheureux quiproquo fait d�barquer chez Ann en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Devant l'�minence de cette venue, Ann se voit contrainte d'annuler tous ses amis... Et le cauchemar peut commencer ! Ce qui devait �tre un s�jour de r�ve se transforme alors, avec l'affreux Nate Miller, en un moment de pure contrainte : de temps, d'espace et d'�nergie.
En fait, dans ce petit livre qui sent le v�cu, on mesure t�s vite la r�elle port�e de l'histoire : celle qui nous dit que le pire est dans la banalit� du quotidien, et que les plus grosses tuiles naissent souvent de nos propres contradictions. Et s'il est maintenant �vident que la perfection n'est pas de ce monde, que les �crivains sont des �tres lucides et que les chewing-gums ne sont pas biod�gradables, on peut aussi �tre s�r d'une chose : quand Ann Scott nous prend par la main, par contre, c'est toujours une douce invitation...

Julien Canaux