|
|
Rebel, rebel
Apr�s l�immense Maison des feuilles, Danielewsky a sorti sa r�gle � calcul et nous a propos� O r�volutions, pav� de bonne intention et tour de force litt�raire.
La simplicit� peut �tre diaboliquement complexe, pensez donc : 90 mots par demie page, soit 360 pour la double. Deux histoires entrem�l�es, l�une s�ach�ve quand l�autre commence et inversement, il suffit de renverser le bouquin en un acte � r�volutionnaire �. Ajouter � cela plein de petits gris-gris mysticolitt�raire � les o et 0 en rouge ou bleu ainsi que certains mots selon l�histoire choisie � et vous obtenez le roman le plus pompeux / le plus ambitieux (rayer la mention inutile) depuis les gammes litt�raires de l�Oulipo, avec � leur t�te P�rec et La disparition, sans un seul � e �. Pensons un instant au chemin de croix du traducteur, qui a fait le choix de respecter ces imp�ratifs artistiques jusque dans la langue de Moli�re. Heureusement que l��m�rite Claro �tait derri�re la calculette. O r�volutions est si dense que l�on peut crier � l�amphigourisme : la narration au fil de la pens�e des deux protagonistes, sorte de road-movie hallucin� dans une Am�rique parall�le, divise autant qu�elle rassemble. A un tel point que tout avis sur la question semble hors-sujet. C�est bien simple : � Zone, nous n�avons pu trancher entre le g�nie et le trouble obsessionnel compulsif, m�me si parfois l�un se nourrit de l�autre. Il va falloir un petit moment � la post�rit� pour d�partager.
----------------------------------------------------------------------
Pervers, �m�tique, SM, scato mais aussi visionnaire� Le troisi�me et dernier volume de Yapou, B�tail humain du Japonais fou Shozo Numa ont �clabouss� l�ann�e 2007/2008.
Le pays du Soleil Levant entretient un rapport plut�t �trange avec son tr�ne. Pas celui de l�Empereur, celui dont la lunette peut se relever avant ou apr�s usage, selon le sexe ou l�envie. Ce n�est pas la moindre incongruit� de ce peuple obs�d� par la puret� des formes et des sentiments, aux visages marmor�ens m�me en cas d�empalement � sec. Mais voil�, la seconde guerre mondiale est pass�e par l�. Le peuple le plus fier du monde subit l�humiliation supr�me, le viol de son territoire sacr� et il est m�me mat� par la puissance du Levant dont il tire son nom : la � force du Soleil �, selon les termes de Roosevelt � l��poque. Ce en quoi il avait d�ailleurs tort, le Soleil utilise la fusion nucl�aire et non la fission. Passons. Comment exsuder l�angoisse du perdant � part dans le seppuku rituel, tr�s mauvais pour les parquets non vitrifi�s ? Shozo Numa met en sc�ne dans Yapou l�humiliation de l�homme japonais, si droit et pourtant si faible face aux femmes, aux occidentaux dans une soci�t� fictive et futuriste o� toute l��cologie/�conomie se joue autour des f�ces dans un syst�me d�lirant d�crit jusqu�au vertige pendant pr�s de 1600 pages extr�mement physiques � la lecture. Et pourtant, et pourtant� Quelle �uvre ! On ne peut vraiment pas parler de r�cr�ation mais le t�moignage sur l��me nippone est � proprement � hallucinant : pour conna�tre une culture, il faut parfois commencer par ses bas-fonds. Laurent Simon
| | |