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Crier gare
| | Crier gare Herv� Gauville Verticales
| Prix éditeur 12.96 euros
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L�une des choses les plus r�ussies de ce livre, c�est son titre. Crier gare, comme crier sa d�tresse. Les quatre personnages qui sont amen�s � se croiser dans ce r�cit, vite lu et rapidement oubli�, crient leur d�tresse � travers chacun de leurs actes. L�h�ro�ne, l'�trange Nil, fr�quente assid�ment les gares, mais sans jamais y accompagner ou chercher personne. Juste pour �tre en situation d�attente. Son amant adore les cimeti�res et les enterrements, Marine est un brin sado-maso�
Vous l�aurez compris, la solitude contemporaine, l�amour sans amour, la folie ordinaire, autant de th�mes sugg�r�s dans ce roman. Le probl�me, c�est que cela reste plut�t une d�claration d�intention, tant l�ennui pointe � chaque page.
Les personnages sont froids et enferm�s dans leur tourments. Les seules asp�rit�s qu�ils pr�sentent, ce sont justement ces tourments, ces drames que l�on devine sans les approcher. Cette froideur est voulue et elle d�range bien s�r, mais les f�lures de ces �tres, qui nous restent �trangers tout au long du roman, jamais ne nous touchent, jamais ne nous �meuvent. L�auteur n�est pas parvenu � sugg�rer les sentiments de ses personnages et l'on ne peut pas croire � la tangibilit� de ces �tres excentriques. Ainsi, l�un des personnages, Luc-Armand, d�nomm� de la sorte parce qu�il a eu deux p�res, a appliqu� cette dr�le de sym�trie � toute sa vie : il aime le th� et le caf�, mais ses deux ma�tresses.
Ce qui sauve peut-�tre le livre, ce sont les ambiances, celle des gares, celle des cimeti�res. Herv� Gauville sait rendre la douleur d�un lieu, sa tristesse, et certaines descriptions nous saisissent par leur c�t� inattendu (le meurtre dans un cimeti�re au bord d�une tombe, d�crit � la mani�re des sc�nes de cin�ma muet, par exemple). Ce qui ne passe pas en revanche, ce sont les pens�es intimes des protagonistes, rendues par des monologues int�rieurs de plus en plus incompr�hensibles. On en vient � se demander parfois qui parle, tant la confusion est savamment orchestr�e. L��criture proc�de par association d�id�es, et les monologues int�rieurs sont de plus omnipr�sents� jusqu�� l��touffement. Car Herv� Gauville, par un effet de style tr�s recherch� et pervers, s'amuse � brouiller l�emploi des pronoms personnels, ce qui ne contribue qu�� rendre la lecture un peu plus confuse, sans pour autant exprimer cette folie qu�il cerne, mais n�atteint jamais.
Crier gare n�est pas � la mesure de ses ambitions. Le sc�nario sans chair, les personnages froids, l'�criture herm�tique, ne parviennent jamais � nous convaincre que ce r�cit est le v�ritable reflet d�un mal �tre contemporain.
Aurelie Aubert
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