Le Caveau Claude Amoz Hors Commerce ( Hors Noir)

Prix éditeur 14.48 euros

Pas de morts-vivants, de messes sataniques ou de serial killer anthropophage. Non, juste la France profonde, une myst�rieuse blonde aux tresses d'Eden et un enqu�teur de fortune un peu paum� et d�pressif.

C'est une histoire presque banale. Antoine Worbe, ancien employ� de bureau au ch�mage depuis sa d�pression, vit � la charge de son fr�re Didier, avocat. Parmi les quelques distractions �maillant un quotidien morose, Antoine participe � un concours publicitaire et remporte un voyage d'une semaine au "pays des vignes", dans la r�gion de M�con. Il y est accueilli par une famille de vignerons, les Renaison, portrait acide d'un petit coin de France profonde. Autour de la grand-m�re, matrone � la silhouette osseuse et au regard tyrannique, Georges, le fils prodigue, g�re le domaine avec l'aide de son fils Bernard, un simplet gros et laid. En marge des ces trois personnages cl�s, gravitent Jean, l'autre fils de Georges n� d�bile, Jean-Baptiste, le cousin "qui caresse sa voiture" et Line, grosse fille rousse aux cheveux courts, future femme de Bernard.

Le roman de Claude Amoz devient, d�s lors, un subtil va-et-vient entre une enqu�te � la Sherlock Holmes et un roman d'introspection, noir et oppressant. Convi� � d�couvrir les rudiments du beau m�tier de vendangeur, Antoine ne peut s'emp�cher de d�m�ler quelques sombres histoires de famille. Celles de ses h�tes tout d'abord, qui n'osent �voquer le nom de Marine, cette jolie blonde h�berg�e l'an dernier qui a subitement disparue. Mais aussi les siennes, inextricablement embourb�e dans cette affaire de caveau depuis que Joelle sa ni�ce, la fille de Didier, a fugu� de chez elle pour venir le rejoindre ici, dans cette atmosph�re pesante et cet univers macabre.

Le Caveau n'est pas un roman policier comme les autres ni une vague adaptation des thrillers � l'am�ricaine, leaders incontest�s du genre. C'est plut�t l'histoire d'une trag�die commune, celle des peines de la m�moire et de leurs effets, implacables, sur notre vie quotidienne, notre imaginaire. Alors que, Antoine Worbe, enqu�teur malgr� lui, n'aura cesse de s'interroger durant tout le d�roulement de l'intrigue sur le bien-fond� de ses soup�ons, le lecteur apprendra lui, � se m�fier de cet homme, d�tective en herbe, dont les traumatismes infantiles referont surface au fur et � mesure du r�cit. Se pose alors la question de confiance : assiste-t-on aux litanies insens�es d'une conscience malade, parano�aque et lubrique, ou y a-t-il v�ritablement une sombre histoire de cadavre dans cette affaire?

Toute la force du r�cit de Claude Amoz r�side dans cette ambigu�t� fondamentale, cette recherche simultan�e de la v�rit� en soi et chez les autres. Le style de l'auteur simple et pr�cis, nous renvoie syst�matiquement vers la complexit� des personnages, figures aux contours troubles et � la psychologie incertaine. On peut, peut-�tre, regretter la rapidit� et la violence du d�nouement de l'intrigue tant sa construction nous aura expos� � imaginer toutes sortes d'histoires sordides : s�questration, viol, empoisonnement et autres. Peut-�tre n'est-ce l� que le signe d'une r�ussite suppl�mentaire, avoir transform� le lecteur en une petite fouine, avide de r�v�lations �tranges et de d�couvertes morbides. Qui est le plus "parano", le personnage ou le lecteur ?

Benoît Raio de San Lazaro