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Nager � travers l'effondrement Mexicain
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Thierry Vila a choisi de d�crire un s�isme au Mexique et � travers lui l'aventure douloureuse d'un homme aux abois, Abel sauv� de le terre et de la tectonique du chaos d�sesp�r� par un Indien fait Messie Ignacio.
Ignacio/ Abel, un couple que tout s�pare � priori. Abel, l'homme blanc impr�gn� de la culture du profit, Ignacio, l'�re du rien et des peaux tann�es qui travaillent sous le soleil.
Abel se retrouve au c�ur du s�isme. On ne sait pas bien pourquoi. Il a perdu son amour, Sarah dont il parle au d�but avec tant de gr�ce et de d�sir f�roce. Il ne voit qu'elle, ne pense qu'� elle. On admire sa m�ticulosit� r�minescente, la fa�on qu'il a de se la r�approprier � travers les m�andres de l'esprit. On admire son d�sespoir jamais achev�, cette force infime qui lui reste quand tout s'effiloche, le difficile et l'excitant subtilement conjugu�s dans la volont� souvent d�sunie.
Ignacio, quant � lui est la figure du sauveur. Il rencontre Abel et n'a rien � recevoir. C'est � travers le don qu'il s'exprime, ramener une vie au creux de son utilit� et de son battement fr�n�tique, faire comprendre � Abel que derri�re les interm�des de le douleur se cache parfois une petite lueur. Bien entendu, ne nous-y trompons pas, elle est infime. Mais c'est � ce minuscule bout de vitalit� qu'Ignacio s'accroche. Il l'agrippe pour mieux l'int�grer, sollicite son attention jusqu'� capturer la reine de la continuit� : la raison de vivre, celle qui nous pousse au bout de son envie, celle qui comporte une bonne dose de pl�nitude et d'arrogance, suffisamment en tous les cas pour repousser la mise en bi�re, la mise en berne, la mise en terre.
Voil� le d�cor m�me si quelques mots ne sont toujours que poussi�res dans la description du monumental roman. Les mots du livre sont bien choisis, le style est m�me attirant, touchant, parvient � nous stopper dans les lettres qui s'embrassent pour susciter cet impudent plaisir du lecteur.
Seulement, il ne se passe pas grand-chose de plus. Bien s�r, on pourrait me r�torquer que dans les grands romans type l'Education sentimentale, l'action est minime, retenue, jamais intens�ment offerte. Mais combien d'Education Sentimentale ? Combien d'�crivains arrivent � se glisser fugitivement dans les br�ches de nos jugements laudatifs afin de s'installer dans une post�rit� �clatante ? Combien de textes se r�solvent dans nos admirations et ne mettent jamais le regard d'un autre entre eux et nous ?
On peut soup�onner Thierry Vila d'un certain talent, d'une certaine sensibilit� au monde, il a de l'avenir comme dirait l'autre. Il �crit � la fin de son roman un passage tr�s beau : " Ecrire fait qu'ouvrir une porte devient un geste d'�ternit�. M�me si la beaut� et l'�motion ont un parfum �trange et ambigu : toujours l'ombre � c�t� de la lumi�re. C'est � prendre ou � laisser. "
A prendre ou � laisser ? La Nage est peut-�tre un roman � prendre. Mais sans enthousiasme palpitant, sans mascarade f�brile du lecteur qui va tout d�vorer, sans exhibition de joie, sans envie de le garder ind�finiment en nous, entre orgueil et timidit�.
On attend impatiemment la suite. Céline Mas
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