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Everest Hotel : une invitation au voyage.
| | Everest Hotel I. Allan Sealy Editions Philippe Picquier
| Prix éditeur 19.51 euros
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Sur les contreforts de l�Himalaya, se dresse l�Everest H�tel, tenu par des religieuses et peupl� de pensionnaires h�t�roclites, inadapt�s au monde ext�rieur. L�existence de ces personnages singuliers semble se d�rouler de fa�on immuable, et pourtant, les saisons passent et se succ�dent (d'o� le sous-titre un cycle de saisons judicieusement choisi. Le charme de ce livre r�side en effet essentiellement dans l��vocation des saisons et du climat indien qui d�teint sur l�humeur des personnages.
L�intrigue est � peu pr�s inexistante, on pourrait plut�t parler de tableaux, d'une mise en sc�ne de personnages les plus excentriques. Jed, le propri�taire des lieux, � la fois invalide et impuissant, s�amuse � s�duire une jeune et jolie religieuse ; Inge, une allemande sortie de nulle part, entreprend de sculpter une tombe pour son grand-p�re dans le petit cimeti�re adjacent � l�h�tel.
Sinon, pour "l'intrigue" en question : les pensionnaires participent � des festivit�s v�diques ; un crime est commis, le commissaire enqu�te. Rien plus, et lorsque l'�nigme polici�re se profile � l�horizon (� la page 176, quand m�me...), elle est rapidement �vacu�e : ce n�est pas non plus le propos du livre. Ne persistez donc pas � demander quel est-il.
L�originalit� de ce roman r�side plut�t dans l��criture, probablement moins ac�r�e parce que traduite de l'anglais au fran�ais. La po�sie des descriptions semble heureusement conserv�e (ou serait-ce encore un effet de l'interpr�tation ?).
I. Allan Sealy sait remarquer les petits d�tails qui forgent une description : le reflet de la lumi�re sur des rails, la premi�re goutte de mousson au go�t de sueur ; mais bien plus encore, il sait les int�grer au d�tour d�une phrase, m�lant l�inattendu et le lyrique. Bruits �touff�s, odeurs fortes ou acres, fragrances des roses, paysages montagneux devant lesquels on reste des heures en contemplation : les cinq sens sont � l�honneur dans ce roman, comme si l�auteur avait surtout eu envie de d�crire les lieux qu�il aime. La po�sie surgit � chaque coin de phrase, jusque dans des jeux de mots : ainsi, le petit cimeti�re est celui du �repos �ternel�, c�est � dire en anglais de l� �ever rest�.
Rien de particuli�rement g�nial, c�est vrai, mais Everest H�tel est � d�couvrir, pour son �criture, son rythme aux allures de saisons et ses mots porteurs d�un peu d��ternit�. Aurelie Aubert
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