|
|
Le dernier livre
| | Le dernier livre Bernard Blangenois Laffont
| Prix éditeur 18.00 euros
|
Peau d�encre, rebaptis� Le dernier livre se situe au carrefour de trois destins. L�o, tatoueur, s'interroge sur la signification de ses gravures � m�me la peau et part sur les traces de son enfance c�venole. Il aime la ronde Pia, rayonnante de dynamisme et de joie de vivre, et lui marque le bas du dos d�" un oiseau � la fois vrai et irr�el, une esp�ce encore inconnue et non r�pertori�e de colibri au plumage flamboyant. (�)
Et les bleus nocturnes, les bleus d�orage se fondaient en un d�grad� subtil avec des rouges �clatants et d�autres moins vifs qui s�insinuaient dans des ors de vitrail, des roux cousus avec des verts de sombre �meraude, des verts plus p�les de lentilles d�eau, de plantes aquatiques, des gris pareils � de l��tain, que soutenaient comme un �clair des bleus encore, mais le bleu du lin, le bleu exact de la robe de la Vierge dans les fresques d�Orvieto, et c��tait comme de contempler un miracle. "
De quoi susciter la convoitise de Tanner, assassin et collectionneur monstrueux qui " pr�l�ve " les tatouages pour en faire un album, un livre de crime et de jouissance.
Peau d�encre a beaucoup des attributs du polar : des victimes, un tueur en s�rie, une enqu�te qui pi�tine, une cible � l�horizon.
Mais il ne s�y limite pas. L�histoire n�est pas vraiment un pr�texte, mais elle n�a pas le premier r�le, trame o� viennent se greffer une mise en parall�le du tatouage et de l��criture comme signe, marque, trace, une r�flexion sur le corps comme espace de libert�, de revendication ou d�identit�. Car un tatouage est aussi bien " un talisman ", " un " r�flexe d�insoumission ", " une mode ", qu�" un nouvel �rotisme ", " une initiation ", " un signe de reconnaissance " ou " un retour vers le clan, la tribu, le primitif"�
Le roman, essentiellement urbain, est travers� de paysages c�venols dont les descriptions rappellent que les premiers ouvrages de Bernard Blangenois, du Roi des Orties � Une Odeur de neige, lui ont valu d�appara�tre comme un h�ritier de Giono, et les jeux d��chos et de correspondances ont vite fait de donner au thriller une forme de parabole. L�o cr�e, inscrit, Tanner efface et pille, l'un aime, l'autre ne sait pas ce que c'est, mais ils sont fr�res, li�s par le tatouage de Pia, une allure semblable, la m�me faim de po�mes. La langue est aussi imag�e, color�e, nuanc�e qu'un tatouage de L�o, le trait aussi pr�cis. Rien d'�tonnant puisque l'�crivain selon Pia est un " tatoueur d'�mes ", celui dont on attend une marque, " un ravissement, une griffe, quelque chose qui aurait rendu le monde, sinon supportable, du moins adouci par l'illusoire proximit� du r�el. " Minh Tran Huy
| | |