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Cavalcade
| | Cavalcade Bruno de Stabenrath Julliard
| Prix éditeur 19.67 euros
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Le t�moignage d'un �v�nement dramatique, mais d�pourvu de tout mis�rabilisme. L'embuscade se situait pourtant � cet endroit critique, mais Bruno de Stabenrath caracole, contourne l'obstacle et parvient � nous impr�gner, � nous immerger au plus profond de son exp�rience.
Poisson-Chat, alias L�opold, alias Bruno de S., est donc un jeune homme s�duisant, aimant et d�sinvolte, dandy c�libataire mais jamais solitaire. Tout ne bascule pas lorsqu'un grave accident de la route le condamne � la paralysie. Pas de chute, mais un vrai d�part pour cet �tre qui doit se re-conna�tre et se red�couvrir. Handicap ? Fragilit� ?Cavalcade, on vous dit !
Une vie qui change du tout au tout, une personnalit� accabl�e par de nouvelles faiblesses, mais aussi dot�e de nouvelles forces : celles qui lui font prendre conscience de son unicit�, de ce qui a de l'importance et de ce qui en a moins. Sans aucune tentative de moralisation ou de philosophie existentielle de comptoir, on vous rassure. Cette histoire est celle d'un r�apprentissage de longue haleine ; r�apprentissage de l'amour et de la virilit�, de la parole et de l'ind�pendance, r�apprivoiser le corps.
Ce qui est assez remarquable, c'est l'esprit de solidarit�, d'accompagnement et de d�votion qui entoure le h�ros. Pas une seule minute celui-ci ne sera abandonn� � son sort. Le narrateur est veill� par sa nombreuse famille, par un corps soignant � l'�coute (s�ance piscine avec Mo�sa, page 169), et par un harem de femmes toutes plus belles les unes que les autres. A d�faut de pouvoir se servir des siennes, Poisson-Chat a au moins tout le loisir de contempler les jambes interminables de ses amies (crit�re de s�lection de l'esth�te). Et de savourer toute l'affection maternelle dont il est l'objet. Nouveau rapport aux femmes, au corps de la femme, au coeur de la femme.
C'est d'autant plus poignant que l'on sait que ce n'est pas du chiqu�. Que m�me si, romance oblige, on fait appel � l'imagination et � la mise en sc�ne d'anecdotes, ce qui est �crit est en grande partie vrai. Le ton est vif, relev� par un courage et un dynamisme hors pair, hors course. Du haut de son fauteuil, Bruno de Stabenrath use d'une ironie qui n'est pas ici synonyme de d�sespoir, mais symbole du d�fi qu'il rel�ve au quotidien.
"Ce qui compte, c'est l'amour". Na�f ? Ici, on ne peut qu'attester de la port�e et de la r�alit� de cette affirmation. J. L. N.
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