Arthur Rimbaud Jean-Jacques Lefrère Fayard

Prix éditeur 42.69 euros

Que disait Ma�akovski ? "Je suis po�te, et c�est par cela que je suis int�ressant." Comment pondre 1250 pages sur un homme qui v�cut 37 ans et dont la carri�re litt�raire se condense sur une p�riode de 4 ou 6 ann�es ? En se livrant � un travail de b�n�dictin. Scaphandrier aux semelles de plomb, Monsieur Lefr�re s�est immerg� dans une masse ahurissante de documents. Gr�ce lui soit rendue ! Nous connaissons enfin le prix de l�enterrement de Rimbaud et le co�t, au centime pr�s, des messes qui l�accompagn�rent. Les dimensions du tableau de Fantin-Latour, la liste des �crivant Rimbaud de France et de Navarre - dont un Marius Rimbaud auteur sans doute d�une gal�jade - et l�atroce destin des personnages ayant approch�, f�t-ce de tr�s loin, le g�nie. Psychopompe, Monsieur Lefr�re les achemine jusqu�au tombeau. Et, dans leurs destin�es posthumes, ce chasseur de documents poursuit avec l�acharnement furieux d�un archiviste le moindre brimborion jusqu�aux salles des ventes o� ils apparaissent de nos jours. A se demander o� il a trouv� le temps de lire Rimbaud. Rions d�apprendre, page 296, que le sonnet des Douaniers est � un des plus beaux fleurons de la po�sie douani�re� � Si ce coucou pond un jour dans le nid baudelairien, nous d�couvrirons que le sonnet L�albatros est le parangon de la po�sie ornithologique. Tout le syst�me Lefr�re repose en ce court extrait, page 608 - affaire de Bruxelles, apr�s l'altercation, intervention du sergent de ville : "L'histoire a retenu le nom de cet agent, qui appartenait � la deuxi�me division de la ville : Auguste Michel." accompagn� de l'in�vitable note (21, page 623) "Natif de Ciney, Auguste Michel avait trente-six ans et demeurait 24, rue des Tanneurs." Assez tannant. Auguste Patience. Et nous avons choisi le plus court extrait ! Il y a du "Bouvard et P�cuchet" chez ce Nemrod papivore. Flaubert, de perles douani�res, parach�verait son dictionnaire. Car de quoi s'agit-il ? D'une tentative farfelue de cosmogonie autour de la plan�te Rimbaud. D'un essai en papier m�ch�, par accumulation et empilement, d'encyclop�die Arthurienne. Et la m�thode de Lefr�re pour construire son � polar � plus effrayant que la barricade des pav�s r�unis de James Elroy est celle d�un romain - ou plus encore d�un esclave maudissant la vie - sous la direction du l�gat Claude Durand, empilant pierre sur pierre afin d�acc�der � la forteresse de Massada. "A deux pas de la ville �trang�re," tout � sa besogne, sous un soleil �clatant, compilant t�moignages, amassant notes sur notes, accumulant les pages et r�ussissant cet exploit : rendre palpable l�Ennui profond de Rimbaud, Lefr�re �coute sans l'entendre le chanteur de la plus haute Tour.Nous savons ce qu�il advint des occupants de la Tour ancienne. Pour terminer, page 305, � propos d�Alcide Bava cette profession de foi d�un sourd : � Alcide est une des appellations d�Hercule, c�est entendu [sic for � propos] et les dictionnaires nous apprennent qu�il est employ� pour d�signer un homme tr�s robuste, mais Bava ? Les amateurs d�anagrammes et les scoliastes les plus imaginatifs s�y sont jusqu�� pr�sent casser les dents. � Si j��te L d�Alcide, que reste-t-il de l�ang�lisme ? Lefr�re, producteur de pav� de l�ours chez Arth�me Fayard, in Paris... par GILBERT COUSTAURY. Fayard, 2001, 1240 p. Tous droits r�serv�s Fr�d�ric Grolleau/L'Humeur du Marcassin

J. L. N.