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L�gendes insulaires
| | La Noce du Po�te Antonio Skarmeta Grasset
| Prix éditeur 20.00 euros
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C'est avec une histoire de l�gendes marines et d'amours fi�vreux qu'Antonio Skarmeta d�croche cette ann�e le Prix M�dicis �tranger. Pas de doute, la Noce du Po�te retient notre attention.
Pour bien comprendre le roman, il faut d�j� r�ussir � s'impr�gner des m�andres d'une longue trajectoire historique. Celle d'une toute petite �le sur la c�te de Malice, au d�but du vingti�me si�cle. Un bel endroit o� les touristes viennent flirter goul�ment avec le soleil qui tape sur les peaux, les filles qui virevoltent sur les terres brunes, les paysages vertigineux qui vous emportent. Le d�cor camp�, encore faut-il bien saisir l'histoire de l'�le, toujours en rivalit� contre un gouvernement central austro-hongrois qui vit l'Ind�pendance sur le mode de la m�fiance. Un endroit o� les anarchistes �crivent avec v�h�mence dans La Republica. Ils ont des choses � dire, ceux de ces contr�es lointaines qui ont l'impression juste de se battre pour de vrai, pour des id�es grandes et imp�rieuses, de l'impalpable noble dans notre monde de consommateurs.
Sur cette trame historique, Skarmeta a le grand m�rite de greffer un pouls humain. Et il bat, il bat la c�ur de Jeronimo Franck, fils d'une famille de banquiers salzbourgeois. Il aime une insulaire Alia Emar, celle dont un regard pos� sur lui peut moudre son c�ur en lambeaux. Seulement voil�, il est commer�ant prosp�re. C'est � sa lign�e que l'�le Gema doit " l'Europ�en ", un grand magasin abandonn� vingt ans plus t�t par son propri�taire apr�s que son mariage �tincelant avec Marta Matarosso, une autre insulaire, se soit achev� en trag�die.
Trag�die, tel est le mot cl� de cette fresque violente, capiteuse, enlev�e. Gema, l'�le de toutes les traditions, de toutes les rivalit�s, voit la noce du Po�te comme une redite d'un drame lointain. Au fur et � mesure que la nuit avance, les m�moires se r�activent autour de ces l�gendes anciennes qui cristallisent la destin�e d'un peuple et le soude � une certaine forme de fatalit�.
Ajoutons � ce diaporama trop bref que Skarmeta parvient � int�grer � son r�cit une solennit� bienvenue qui lui donne plus d'ampleur tout en marquant la lecture du sceau de l'unique. En effet, on lit le roman comme on assiste � un mariage. En souhaitant beaucoup de bonheur mais en ayant un peu de mal � sortir indemne de ce d�ballage de promesses et de toujours proclam�s. Assur�ment, un roman � d�couvrir mais sans doute plus pour ceux que la passion ne fait pas se noyer.
Céline Mas
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