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Inversion de l'idiotie
| | Inversion de l'idiotie David Foenkinos Gallimard
| Prix éditeur 15.00 euros
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Une histoire compl�tement loufoque, qui fera rire jusqu�au plus d�nu� de sens de l�humour d�entre nous. Et l� o� l�on constate l��tendue du talent de l�auteur, c�est que sa jubilation n�est pas seulement communicative : elle est irr�sistible. Le moins que l�on puisse dire, c�est que David Foenkinos s�amuse, dans ce premier roman aux allures de farce et de com�die musicale. Il encha�ne les m�lodies et �pingle des portraits de situations et d��tres tous aussi cocasses les uns que les autres.
Conrad est donc un gentil simple d�esprit, immigr� de R�publique Tch�que pour les m�mes motifs que son oncle Milan Kundera, � les raisons politiques en moins �. Il rend dingue de lui tous ceux qu�il croise, propri�t� qui se r�v�le �tre fort rentable pour la librairie Gallimard o� il travaille comme magasinier et agent de nettoyage en chef, tout pistonn� qu�il l�a �t� par sa parent� c�l�bre. C�est que notre ami d�borde d�une innocence proche de la saintet� tout � fait in�dites, et que de m�dus�s, ses interlocuteurs deviennent hypnotis�s.
Notre magicien malgr� lui d�barque par hasard dans la vie oisive de Victor, d�moli par sa r�cente rupture avec T�r�sa. Victor entrevoit en Conrad son salut : T�r�sa, qui a �heureusement ?- d�cid� de rester habitante de leur appartement en vertu de la Charte des Locataires, ne saurait rester de glace face � l�ange aux yeux �bahis qu�il lui ram�ne ! De quoi l�attendrir, la ramener � de doux sentiments, elle qui souhaitait en secret un enfant � ch�rir. Mais la r�conciliation se fait attendre, car rien ne se passe jamais comme on l�a planifi�, c�est bien connu. Et Conrad se r�v�le �tre bien plus qu�un simple joujou utile : il devient carr�ment indispensable � tout l�immeuble.
Une histoire de couple � trois pas ordinaire : ajoutez-y Milan Kundera et un peu de litt�rature fran�aise, le voisin Martinez qui se tape l�incruste et une bonne qui fait des heures supp�, deux Polonais et quelques sardines mill�sim�es bien grasses, et vous obtenez le Petit Monde de David Foenkinos. Car c�est un v�ritable univers que ce jeune auteur de 27 ans est parvenu � construire, tirant les ficelles des uns et des autres gr�ce � une imagination d�bordante et inattendue. Ses personnages oscillent entre le ridicule et le path�tique, tous �mouvants � leur mani�re.
Et vous vous retrouvez sur une plan�te grotesque, touchante, tout � fait cohenienne (pensez aux Valeureux), aux coups de pinceau modianesques qui vous entra�nent comme au gr� d�un d�fil� de Mardi Gras. Mascarades, gags, loufoqueries, retournements en tous genre : une vraie Com�die humaine parfaitement ma�tris�e, o� l�on ne s�ennuie pas un quart de seconde, o� les phrases amusantes abondent dans la bouche de notre narrateur qui se croyait d�sabus� et se d�couvre Papa Poule. On en redemanderait m�me, jusqu�� l�indigestion. Vite, le deuxi�me, on se sent d�j� en manque non pas de Conrad, mais du Foenkinos. J. L. N.
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