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Absurdit�s
| | Absurde Jean-Marie Soudey Le Serpent � plumes
| Prix éditeur 12.96 euros
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Absurde, c�est l�histoire de la mort -absurde- d�une femme et de l�errance d�sesp�r�e du mari orphelin et de ses enfants. C�est le voyage sans retour, la grande fuite en avant d�un p�re que les amarres ont largu�. Ceci explique qu�il plane au-dessus de ce livre un grand vague � l��me. Je dis au-dessus, peut-�tre devrais-je dire en-dessous, car ce sentiment n�est jamais que sous-jacent au texte. Parfois �voqu�, rarement d�crit, il p�se de tout son poids sur un homme qui subit son malheur et finit englouti par lui. L�errance, l�amour (d�chu) sont ici des th�mes omnipr�sents, le vide aussi qui revient de mani�re redondante, � la mani�re d�un imperceptible malaise.
L��criture, d�pouill�e, conf�re d�embl�e au texte un rythme lent et un caract�re d�cal�. Le narrateur est tr�s clairement identifi� (c�est � la fois le mari en deuil et le p�re fascin� par ses deux enfants). Aucun lieu au contraire n�est vraiment d�fini, tout se passe comme si le personnage parlait de nulle part. Il ne sait o� il se trouve ni m�me vers quoi il se dirige. Il roule dans un no man�s land, d�crit le vide qui l�entoure pour dire l�angoisse qui le tient. Romantique. Dans ce d�sert, les rires d�enfants r�sonnent comme un hymne � la vie, et quelques personnages de cirque, tout droit sortis d�une nouvelle de Garp (chez qui le monde �tait bien plus peupl� !), d�ambulent dans un h�tel. L�histoire pourrait durer ainsi longtemps mais c�est sans compter le d�sespoir du narrateur, harcel� par la douleur, qui pr�cipite sa fin � la mani�re d�une trag�die absurde. La mort, gourmande, appelle la mort (du p�re et de ses enfants); plus rien n�a de sens puisque les tripes seules dictent les actes. Autre mani�re de dire que Absurde est un funeste roman de tripes malades.
Un point un peu g�nant toutefois. Jean-Marie Soudey �crit : � Douleur : Qui d�crira la douleur �. A d�faut de la d�crire, du moins est-il m�ritoire de parvenir � l��voquer, � en retranscrire la pr�gnance et l�effet. Je doute cependant que ce soit sur un ton monocorde, en laissant entendre plut�t qu�en disant le mal-�tre ou en d�crivant ses sympt�mes, qu�on touche � ce que la douleur a de plus palpable. La douleur n�existe pas en surface (cette derni�re fut-elle d�serte), elle est souterraine, diffuse certes mais incroyablement concr�te, pleine de malaise, lourde de naus�e. L�auteur semble quant � lui v�hiculer certaine forme de douleur qui s�apparente davantage � un moment d��garement et de r�flexion. C�est peut-�tre pour cette raison qu�elle �chappe quelque peu au lecteur. La douleur r�flexive (si elle existe) touche moins.
Mathieu Ch�reau
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