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Le dernier voyage d'Emilie
| | Le dernier voyage d�Emilie �Nicolas Michel Gallimard
| Prix éditeur 14.00 euros
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Merveilleux tour de passe-passe : alors que d�ordinaire, la fiction se nourrit d��tres de chair et de sang, d��tres qui marchent, qui pleurent et s�interrogent, le deuxi�me roman de Nicolas Michel prend pour h�ro�ne le cadavre de l�exquise Emilie. Son corps inanim� se balance au gr� des vagues, a quitt� Marseille pour �tre aval� par la M�diterran�e, plus l�ger qu�une plume d�oiseau qui aurait quitt� les souffrances terrestres. Les autres personnages, dont on nous offre des morceaux �pars de vie, ne sont que des pr�textes, les instruments qui permettront de retracer g�ographiquement et temporellement les �tapes du Dernier voyage d�Emilie.
Qui est-elle ? D�o� vient-elle ? Pourquoi a-t-elle �t� tu�e, ainsi que les marques rouges sur son cou semblent l�attester ? Questions lancinantes dont le lecteur ne d�couvrira la solution qu'� la fin.
Chaque chapitre pourrait constituer une nouvelle � part enti�re, o� seul le fant�me de la jeune fille, qui vient toucher successivement un L�on, un p�cheur, une Chlo�, un mafieux goutteux, une quadra triste, deux cambrioleurs rat�s et homosexuels, fait le lien. On va ainsi remonter le cours de sa mort, le fil de sa vie, et ce qui s�annon�ait �tre une investigation civile aux portes des premi�res pages se r�v�le � chaque instant sous un jour plus dramatique et �motionnel.
Toujours dans une langue irr�prochable et par le biais d'une structure captivante, Nicolas Michel intrigue, titille, nous touche d�une mani�re inattendue, presque insens�e. Le r�cit commence, et se termine (ce qui est rare, les extr�mit�s �tant les parties les plus difficiles d�un roman) dans une apoth�ose digne de celui qui a remport�, il y a quelques ann�es, le Goncourt du premier roman. On se d�p�chera de saluer bien bas cette nouvelle performance, et de remercier l�auteur pour cette histoire de migration et de grands voyages, si originalement conduite, dans un classicisme d�lib�r�ment adopt� et qui lui va d�ailleurs fort bien. J. L. N.
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