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La visiteuse
| | La visiteuse Maeve Brennan Jo�lle Losfeld
| Prix éditeur 10.00 euros
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Maeve Brennan, n�e � Dublin et longtemps membre de l��quipe du New Yorker, a publi� sa premi�re nouvelle, The Holy Terror � trente quatre ans. Et d�j�, on voyait l� une patte qui avait tout de la grande romanci�re. Univers typiquement f�minins, o� l�apparence physique et l��volution des ann�es sur un visage d�gagent une amertume et une po�sie aigre bien particuli�res. Nostalgie de la jeunesse, peur du temps qui passe et des hommes qui disparaissent, incapacit� de toucher des c�urs devenus comme pierre : les analyses et les portraits de Maeve Brennan sont saisissants. Et l�on retrouve toute cette richesse, cette ma�trise de temp�raments � la limite de l�hyst�rie, dans le pr�sent ouvrage, r��dit� par Christopher Carduff en ao�t 2000 et traduit chez Jo�lle Losfeld.
Le manuscrit de La visiteuse fut achev� dans les ann�es 1940. Il relate le retour d�Anastasia dans la maison familiale irlandaise, tenue par sa grand-m�re. On d�vide alors, au gr� de leurs �changes tendus, l�explosion v�cue sous ce m�me toit des ann�es auparavant : une m�re folle de son fils, jalouse de sa bru qui n�en peut plus et repart pour Paris. Son enfant choisit de la rejoindre. Mort du p�re, solitude absolue de la grand-m�re. Ranc�urs. Anastasia revenue dans sa ville natale n�aspire qu�� une seule chose : retrouver la paix, et un peu de chaleur de la part de la seule parente qui lui reste.
Seules au monde. Les deux femmes s�affrontent, ne se comprennent pas. L�une est incapable d�amour, enferm�e dans son �ge et dans sa terreur d�affronter le spectre de la mort. L�autre n�entend pas la d�tresse de son a�eule, n��coutant que son propre petit nombril souffreteux de jeune fille orpheline. S�enracine dans la vie de celle qui, habitu�e � la solitude, ne souhaite plus s�attacher � qui ou � quoi que ce soit.
Les confrontations d�Anastasia et de la vieille Mrs King sont de purs moments dramatiques, contiennent une �lectricit� qui ne laissera pas indiff�rent. Cette historiette se lit d�abord avec curiosit�, puis avec �tonnement pour finir dans la piti� et la compassion pour ces deux femmes qui se seront manqu�es de peu.
Fanny Rueil
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