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& ...et quoi ???
 | | & St�phane Guignon Diable Vauvert
     | Prix éditeur 13.00 euros
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Le dernier-n� des diablotins de Vauvert : un excellent premier roman, qui coule et s�enroule autour de vous avec une agilit� maligne. Car celui qui a �crit& est un rus� !
Tout d�abord, il veille � vous peindre une fresque de la vie que nous r�verions tous ou presque d�avoir : celle d�un homme d�une trentaine d�ann�es, qui vit toujours avec une maman qui le dorlote, qui refuse cat�goriquement qu�il prenne un emploi. Car, dit-elle, l�exp�rience de l'ali�nation est par trop douloureuse pour qu'elle la laisse vivre � celui qu'on aime, � fortiori lorsqu'il s'agit de son enfant. Entretenu par sa m�re communiste par habitude plus que par raison (communiste, la m�re le fut par r�flexe, elle le reste par nostalgie. Mais elle ne sniffe plus la ligne du Parti. L'utopie est adult�r�e), entrepris par une Julie business woman performante � tous points de vue, �cout� par sa meilleure amie/aim�e Claire (soit dit en passant : un vrai pote, presque un mec � qui l�on peut tout dire, �b�niste de son �tat). Il est enfin sorti de sa l�thargie bienheureuse et fascin� par l�irruption d�Esperluette dans l�ordre de son existence. Bref, il ne s�ennuie pas. Lorsqu�il n�est pas chez l�une ou chez l�autre, � se faire mamourer ou dorloter, Monsieur lit, se cultive et r�vasse. Jusqu�� la mort de sa m�re, qui va se r�v�ler �tre le point de d�part de catastrophes personnelles et historiques. Heureusement, les femmes de notre h�ros sont l�.
Succession de sc�nes cocasses et d�un sens de l�humour exacerb� : entre une s�ance de baise avec une mouche amput�e mais qui n�a rien perdu de son d�sir, entre deux conversations hautement socialo-philosophiques avec la m�re, il y a le d�filement presque ininterrompu des copines. Et puis les soupirs de ce jeune homme conscient de sa chance. Mais incompris :en fait, on n'a rien en commun. Notre seul terrain d'entente, c'est le plummard. Et moi, je veux qu'on me cause apr�s m'avoir bais�, et non pas entendre parler de strat�gie, d'offensive, de tactique, de plan, de cible, d'objectif. Je baise avec un colonel d'infanterie ! Des deux, on ne sait plus vraiment qui poss�de la(es) bourse(s)...
St�phane Guignon est dr�le, rapide ; son personnage principal, flemmard inv�t�r� et intellectuel de l�imposture zen, ne fera rien lorsque tout son monde bascule autour de lui. Il se contentera de regarder tout �a d�un �il mou, et fera ce qu�il a toujours fait : il s�en remettra au destin, enfin aux femmes.
Critique de la soci�t� en chute libre, du d�sengagement des jeunes g�n�rations, de la mollesse et du d�sint�r�t ambiant ? Hommage � la toute puissance des femmes, ou � la roublardise masculine qui parvient toujours � en tirer le maximum tout en les tirant tranquillement ? Pamphlet pour le libre repos de l�humanit� ? Au final, on ne sait pas. Un savant cocktail un tantinet frapp� de tout cela, et au fond, on n�en demande pas plus. J. L. N.
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