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Un �tat d'esprit
| | Un �tat d'esprit Patrick Besson Fayard
| Prix éditeur 15.00 euros
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D�couvrir la vie de Patrick Besson : est-il toujours explicite, toujours sinc�re ? Au fond, peu importe ; seule compte cette lorgnette qui nous est donn�e pour observer une infime partie des vagues qui l�agit�rent un jour, qui l�agitent encore parce qu�elles font partie int�grante de sa vie, de son personnage.
Dans le 28, rue Aristide Briand, vis-�-vis sur la cour int�rieure de l�enfance. Ici, ce sont des vingt-ans, des succ�s litt�raires et m�diatiques soudains dont il est question.
Un �tat d�esprit, ce sont les vingt-ans � la fois adul�s et agress�s de Besson, dans un Paris de l��dition aux codes faciles � saisir mais difficiles � assumer. Un �tat d�esprit, ou comment un grand jeune �crivain est devenu ce qu�il est.
Des passages touchants sur un jeune homme perdu par cet afflux d�argent, de femmes, de s�duction et de champagne trop facile. La vie de Besson tourne autour des � ch�ques �, � la fois aim�s, m�pris�s et indispensables. On d�couvre dans ce livre le paradoxe d�une conscience de sup�riorit�, et d�un d�go�t de cette m�me sup�riorit� en ce qu�elle va v�hiculer comme solitude. Et puis, tous ces gens qui le nourrissent, qui le transportent, qui le serbent �pardon, qui le servent. A vomir, nous r�pondrait-il sans fausse modestie. Et de vomir la peur d�un gar�on qui a grandi trop vite, cette peur de n��tre plus aim� parce qu�on devient progressivement de moins en moins pr�coce �normal, direz-vous- , et cette peur d��tre solitaire face � soi et face � son assiette.
Le r�cit se lit comme un roman, comme �crit par un Don Quichotte subitement r�veill� et lucide, dont le h�ros a pour nom Besson et dont la qu�te est celle du sens du temps qui s�envole et des matins glorieux qui d�filent. Que sont toutes ces ann�es qui ne lui apprennent plus grand-chose, m�me si elles lui permettent d��crire mieux et encore plus vite ? � Tout devient si vite du pass�. L��ge : vertige offert exclusivement aux vieux. La fiction est le fait de ce que j�ai oubli�. �
La plume ac�r�e de Besson s�exerce � la fois sur lui et sur les autres. Sans illusion et sans espoir, d�senchant� ou presque � moins de vingt ans, le jeune prodige voit clair dans son jeu et dans le jeu qui fait tourner son jeu : � Je peux aussi entrer dans l�imagination des gens, par le roman ou la po�sie. Le monde m�est ouvert ; je l�explore avec d�go�t, avec piti�. Je me sens sup�rieur � tout ce qui m�entoure et � tout ce qui m�a pr�c�d�, bien que je me juge nul. Ce qui n�est pas moi est une cour de r�cr�ation dont j�accepte, avec une amabilit� glaciale, d��tre le pion indulgent. �
Faut-il s�indigner de cette derni�re arrogance ? Peut-�tre. Seulement, ses fanfaronnades sont teint�es de tant d�accents sinc�res et de doutes que l�on ne saurait reprocher � Besson de si bien dire son humanit� J. L. N.
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