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Opium
 | | Opium Maxence Fermine Albin Michel
     | Prix éditeur 2.00 euros
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L'Angleterre se trouve � son apog�e : le r�gne de Victoria n'en est qu'� ses d�buts. Charles Stowe, la trentaine, n�gociant en th�s et en �pices, embarque pour la Chine � la recherche du th� blanc, le plus pr�cieux. Celui que se r�servent deux hommes seulement, l'Empereur lui-m�me et le fantomatique Lu Chen. Et c'est au gr� des silences � percer et des fragrances � apprendre que l'on va suivre notre aventurier, en se posant cette unique question : quel parfum va donc faire perdre la t�te � notre cher Stowe le passionn� ? Celui de l'opium, celui d'une femme ou celui d'un th� ?
Apr�s Neige, Le Violon noir et L'apiculteur, Maxence Fermine, jeune po�te de 34 ans, signe ici un roman � la conqu�te d�un Est inconnu, d�une terre r�solument encline au silence. Et c�est cette tradition du secret qui fait une bonne partie du charme et de l'int�r�t de ce roman. En le suivant pas � pas, entre Shanga� et le petit village de Hwuy-Chow, Charles Stowe est un preneur de risques comme on n'en voit plus : Pour vous donner une id�e, jugez-en vous-m�me par cette phrase Si tous les hommes se mettaient � chercher une explication � la folie de leurs actes, il y a longtemps qu'il n'y aurait plus d'aventuriers". Un message qui nous change de ce nombrilisme contemporain, qui fuit le jour et la moralit� dans l'ombre des bo�tes de nuit. Mais o� �taient pass�s tous ces h�ros, qui bravaient jadis les fleuves et les mers ? Fermine semble les ranimer, enfin.
Au-del� du caract�re presque d�sinvolte de ce personnage en perp�tuel mouvement, il y a aussi cette passion maladive chez Stowe, qui l'am�ne � d�couvrir les secrets de la fabrication du th�. Le tout men� par une langue qui nous extasy(e) � n'en dire ni trop ni trop peu dire pas mal avec du pas beaucoup.
Le style, justement. Si Opium contient quelques beaut�s lyrico-lyriques, � l'instar de ces quelques mots � retenir dans un coin de m�moire : "C'�tait �trange, comme de contempler une peinture en mouvement dans un mus�e imaginaire", il n'en reste pas moins que Maxence Fermine nous accable malheureusement ici et l� de quelques lourdeurs que le bouquin ne m�rite pas : "Le soleil se noie dans la mer", "Un lourd silence pesait sur les deux hommes", "ses yeux verts toujours plong�s dans les siens", ou encore " [il] disparut, aval� par les eaux du fleuve".
Tout combl� qu�il fut par les critiques dithyrambiques sur ses pr�c�dents romans, on se demande si notre conteur d'aventures asiatiques ne s'est pas repos� sur ses lauriers, se laissant aller � quelques facilit�s d'usage. On se consolera en argumentant (na�vement ?) que l'auteur a sans doute volontairement consacr� son �nergie � l'�laboration d'une construction narrative impeccable, aussi simple qu'intelligente, vive, pas ennuyante pour une feuille (de th�), et toujours l�g�re, tant sa dext�rit� n'a d'�gal devant la d�coupe de ses chapitres.
C'est ainsi que, pris dans l'entrain d'une lecture parfum�e, on imagine le h�ros comme celui d'une bande dessin�e. Un album dont le h�ros serait cet aventurier anti-Sto(we)ique. Les textes seraient � l'encre de Chine et les dessins � l'aquarelle, et leur eau aurait �t� remplac�e par un th� savoureux. Un truc qui a du go�t, quoi. Ariel Kenig
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