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Sandrino et le chant c�leste de Robert Plan
| | Sandrino et le chant c�leste de Robert Plant Demarchi Andr�a Le Serpent � Plumes
| Prix éditeur 16.00 euros
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Sandrino et son ami Frassati dit "le G�ant" dit "Beppe"
embarquent dans une camionnette avec en t�te le but de faire
du th��tre "door to door". Un synopsis un peu fou pour un duo
de V.R.P. des planches dont l'�pop�e nous parvient par les
lettres que Sandrino envoie � son amie Rosella, une pl�tr�e de
la jambe qui, forc�ment, ne peut plus trop bouger. Un roman
�pistolaire, donc, mais qui ne se limite pas � son concept,
puisqu'il traite au passage d'amiti� passionnelle et de
g�n�ration en mal de causes � d�fendre.
L'avantage de ces correspondances est de nous permettre de
suivre Sandrino � chaque �tape de son road-book sans que la
narration en p�tisse. Narrateur et lecteur sont pr�cipitamment
li�s dans une aventure qui va � contre-courant du mode de vie
pr�dominant chez la jeunesse d'aujourd'hui, qu'on dit casani�re,
stress�e et plant�e devant �cran. Ici, le jeune �ge voyage,
d�couvre, rencontre, avide de chairs, de pr�sences, en prise
directe sur le r�el. " Il n'y a rien de plus beau au monde que de
pouvoir bavarder pendant des heures avec un ami, sans pouvoir
se regarder dans les yeux mais en se sentant tout de m�me
tr�s proches, ou plut�t encore plus proches qu'en plein jour,
alors que les voix s'effleurent dans le noir et font l'amour avec
les mots". Une mani�re de r�pondre � la question : comment la
g�n�ration des trentenaires peut-elle encore se sentir heureuse
?
Car derri�re une th��tralisation de leur vie, les personnages
souffrent d'un abandon. Que ce soit de leurs parents accoupl�s,
un certain mai, en position du 68, de leurs id�aux, flanqu�s au
dos du mur en b�ton ultra-lib�raux Berlus-connard ou encore de
leurs idoles : o� es-tu Robert Plant, ex-chanteur des "Led Zepp'
"?, nos deux acteurs ont �t� oubli�s. Sandrino et Frassati sont
condamn�s � transpirer la solitude. C'est ainsi qu'ils se mettent
� se chercher, au propre comme au figur�, pr�ts � toucher le
path�tisme de leurs passions, quitte � passer pour des
dingues.
Nostalgiques de leur jeunesse, ils baignent dans la culture du
Ellis Freak des grandes ann�es, en phase de reconstruction
d�une "nouvelle vie sans r�gle", dr�le et d�jant�e, en opposition
franche au moralisme italico-catholico-chiant auquel ils
r�pondent par un "Nique-toi, cul !". Ce qu'ils veulent, c'est la
boh�me, o� chaque jour est "un saut dans le noir", c'est-�-dire
une certaine forme de libert� qu'ils r�inventent � chaque instant.
Ainsi on oubliera un trop-plein de r�f�rences qui, � s'accumuler,
ne donnent plus vraiment leurs sens aux divers clins d��il pour
s'attarder plus longuement sur la beaut� de cette errance de
deux chiens gaiement d�sinvoltes, unis autant par leur amour
de la sc�ne que par leur in�vitable d�faite, et confront�s, chaque
seconde, � la pr�carit� de leur existence. Ariel Kenig
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