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Deux b�b�s et l�addition
| | Deux b�b�s et l�addition Bessora Le Serpent � plumes
| Prix éditeur 16.00 euros
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Celle qui a pu �tre avantageusement qualifi�e de � nouvelle Jacques Pr�vert � pour ses premi�res publications a encore frapp�. Troisi�me roman au Serpent � Plumes donc, pour l�auteur Belge qui pr�che ici sans y toucher dans le genre qu�on lui conna�t bien. Toujours audacieuse, l��criture de la jeune femme, on ne peut plus moderne de par le choix de ses th�mes de pr�dilection, s�engage � nouveau. Elle qui a fait de l�exclusion, de l��galit� des sexes et de l�universalisme ses pr�c�dents chevaux de bataille, part dans Deux b�b�s et l�addition en croisade contre l�inconscience parentale (entre cr�me br�l�e et caf�, s�il vous pla�t !) et contre une certaine fanfaronnade autant masculine que f�minine qui en vient � oublier certaines de ses responsabilit�s.
On d�boule donc dans l�h�pital assez folklo d�une des proches banlieues de Paris, d�sert� par la majeure partie de son personnel. Aux c�t�s de Y�no, il va falloir rassurer une petite Myrtille sur le point d�accoucher. P�ridurale ? Que nenni, l�anesth�siste est retenu dans les bouchons engendr�s par la gr�ve du personnel hospitalier. Entre deux contractions, on ne peut qu��couter les derni�res confidences de sa s�ur jumelle Waura, visiblement pas dans son assiette. Enfin, superviser la gr�ve des sages-femmes, s�duire Nidale et rabattre le caquet du beau-fr�re, Modeste, chirurgien p�dant de son �tat. Plus qu�il n�en faut pour occuper un seul homme !
C�est ainsi que, ballott� entre ses multiples engagements, Y�no se r�v�le �tre un homme au fonctionnement presque f�minin, touchant de sollicitude, de d�votion et de sensibilit�. Homme-femme un peu perdu : par les troubles qui ont pr�c�d� et suivi sa naissance, par la pr�dominance caract�rielle de sa jumelle a�n�e dans leur dr�le de couple fr�re-s�ur, par cette kyrielle de femmes fortes qui l�entoure. Marqu� par l�absence de son Ut�rus (le � Ventre ch�ri �), Y�no va nous confier l�histoire de son enfantement, tragi-com�die de la brousse africaine. Sa d�cision d�exercer le m�tier d�accoucheur est ainsi loin d��tre anodine� Alors que la part de sa sensibilit� f�minine, exacerb�e, recherche � faire de la naissance un beau moment, toute la composante virile de son �tre s�interroge. Comment trouver et �prouver la beaut� de ce moment si particulier qu�est la naissance, alors que lui-m�me n�y a pas eu acc�s ? Alors que m�me son inconscient ne s�en souvient pas, ce qui est peu dire ?
Tout en menant cette r�flexion sur la dualit� de l��tre humain et sur le sens de l�enfantement, Bessora se moque, gentiment. Des gr�vistes et des revendications parfois farfelues de certains groupuscules, du mode de fonctionnement d�une soci�t� pas contente. Ses coups de griffes, donn�s avec beaucoup d�humour et de l�g�ret�, visent quantit� de situations dans laquelle chacun se retrouvera : couple et fid�lit� du couple, chirurgie esth�tique et esth�tique de la jeunesse, prises de d�cision d�avoir un enfant et prises de positions politiques�
Les dialogues sont savoureux et dr�les, comme � l�accoutum�e chez Bessora :
(sc�ne du d�but, o� la gr�ve des sages-femmes est enfin lanc�e)
� La m�re de C�sar s�interroge.
- Pourquoi la gr�ve ?
Nidale �tend la cause :
- Le Comit� des Sages-Femmes en Col�re a �t� cr�� en juin 2001 pour d�finir et mettre en place les revendications des sages-femmes du public et du priv� : notre profession doit �tre revaloris�e car, passez-moi l�expression, on nous prend pour des connes, n�est-ce pas Y�no ?
- Oui, on nous prend pour des connes.
- Non, fait Modeste. On ne vous prend pas pour des connes. On vous prend pour des cons. Y�no est un homme, affirme mon beau-fr�re. Je suis navr� de te� de vous le dire, Nidale, mais on vous prend pour des cons.
Nidale enrage :
- De deux choses l�une : soit c�est la connerie qui l�emporte dans notre langue, soit c�est la masculinit� qui l�emporte dans la connerie.
Quelques mains timides l�applaudissent et l�encouragent. Modeste se d�fend :
- La masculinit� ne peut l�emporter, car le con est un attribut f�minin. �
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je trouve que ce genre de perles est � ne pas rater.
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