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Effets secondaires
| | Effets secondaires Frank Deroche Le Dilettante
| Prix éditeur 13.00 euros
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Quoi de plus dr�le qu�un m�dicament ? Tout. Ou presque. Upsa, Propecia, Josacine� � br�le-pourpoint, rien d'all�chant ? D�trompez-vous ! Effets secondaires d�dramatise les traitements m�dicaux au point de vous donner envie de tomber malade : Frank Deroche, 30 ans, signe un premier roman qui prend le pari de tourner en d�rision l'hypocondrie. Fervent d�fenseur de l'hom�opathie ou adepte inlassable des m�dicaments g�n�riques, vous n'entendrez plus l'auto-m�dication de la m�me oreille.
Tout commence � Paris. Etienne de la Bo�tie, fid�le de Montaigne, donne son nom � la rue de Frank, et devient par la m�me occasion son confident. Parce que la folie isole, Deroche instaure un dialogue imaginaire entre le moraliste et lui-m�me. "La chair est triste, Etienne ! Et je n'ai qu'une demi-barrette de Lexomil". G�lule apr�s g�lule, il lui avoue son d�go�t de la sexualit� ("Tout �coulement est perte d'�nergie") et lui confesse ses "pr�f�rences" portant sur "ce d�but de si�cle". Heureusement, le regard qu'il porte sur lui-m�me rec�le assez d'ironie pour que ce Vidal romanc� vire � la tragi-com�die. "J'ai d'ailleurs presque perdu le go�t de l'inqui�tude depuis que je connais l'h�pital Pompidou". Dissertant sur les "m�docs" comme on le ferait sur le vin du m�me nom, l'auteur d�ploie une langue facile et bondissante. Aussi imaginatif qu'un Martin Page dop� au Guronzan, il reste lucide sur sa "servitude volontaire" aux cachets de toute poudre. "Pendant longtemps, j�ai �t� malade pour int�resser les autres. Maintenant, je ne le serai que pour ceux qui s�int�ressent � moi."
N�anmoins, la discr�te l�g�ret� de cette plume trentenaire perd en finesse d�s qu'elle se met � d�tester les l�vres de Christine Angot, � vomir le "personnage despentien", � se moquer d'une "Nathalie Rheims sous Pertrofan", � vouloir "�masculer Houellebecq", � �reinter Guillaume Dustan � tant qu'� faire, autant se d�fouler sur les punching-balls publics. Les assertions anti-contemporaines se succ�dent et g�nent la lecture de ce roman jusqu'alors singulier. Que Montaigne, physiquement, soit "aussi d�plaisant" que Philippe Delerm, pourquoi pas, mais qu'on lynche tout �crivain encore en vie pour la seule raison qu'il ne date pas de La Bo�tie, c'est un peu trop convenu � et simplement dommage.
La prochaine fois, esp�rons que Frank Deroche �vitera ce pi�ge pour gagner en sinc�rit�. Reste pour le moment ces Effets Secondaires, premi�re ode au Temesta d�clar�e. Un hommage drolatique aux analg�siques morphiniques.
Ariel Kenig
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