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L'Autre Royaume
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     | Prix éditeur 15.00 euros
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L�Autre Royaume, ce n�est pas le titre d�une des nouvelles de ce recueil mais l'objet de sa qu�te. Inspiration bouddhiste ou vagabondage purement po�tique ? Chaque personnage principal, artiste ultrasensible, croit en la r�incarnation. Mourir pour mieux rena�tre ou rena�tre pour mieux mourir. Pour eux, une vie en �quivaut � plusieurs : de mat�rielle, elle deviendra spirituelle, charismatique. Et � la fin, nos h�ros s�en vont, comme Lucky Lucke, vers de "nouvelles aventures". Certes plus po�tique qu�un simple I�m a poor lonesone cowboy, l�auteur, Dimitri T.Analis �crira plut�t que "dor�navant, le regard de Panayotis Kerylos �tait pos� sur l�autre rive" ; mais vous conviendrez que la comparaison n�est pas d�nu�e de sens. Doit-on voir dans le concept de r�incarnation, celui de reconversion ? Pour un bureaucrate h�sitant et frustr� qui cache une v�ritable �me po�te, ce livre ne constitue-t-il pas un salut ?
Objectivement, L�Autre Royaume se confine dans l�acad�miquement beau : po�tique, classique et merveilleux. Mais la sagesse et la philosophie des nouvelles peut tant�t nous �chapper ou tant�t nous laisser froid. "C�est dans les temples antiques que le sang des disparus devient l�oxyg�ne des passants." Po�tique, non ? Joli aussi. Compr�hensible ? Vous aurez beau chercher du concret et des v�rit�s "vraies", vous aurez du mal, parfois, � en trouver. Certaines nouvelles frisent l'incompr�hensible (particuli�rement dans La soir�e du peintre et Le traducteur) si on ne per�oit pas ce qui nous d�passe. Voyez donc : "Le saint homme comprit qu�il avait le privil�ge �inou� bien qu�il f�t l�incarnation du Bouddha- (jusque l�, tout va bien) d�entendre le chant et son contraire, son ombre, l�antichant : l�harmonie de la mati�re et de l�esprit se rencontraient dans la grande vacuit� (...?)." Mais il fallait s�y attendre : d�j�, la quatri�me de couverture laissait perplexe : "c�est la r�alit� qui, souvent, semble une illusion d�optique �parce qu�elle tente d��tre, au-del� des simulacres, une r�alit� r�elle."
Bien : sentir qu�il y a toute une sagesse derri�re les mots ; pas bien : ne pas la comprendre. Bien : la beaut� du texte ; pas bien : y �tre insensible. Bien : la description des personnages secondaires ; pas bien : l�optimisme exasp�rant des artistes. Vaut-il mieux lire en diagonale et oublier le livre entre deux coussins de canap� ou en faire une relecture approfondie ?
L�auteur, Dimitri T.Analis, po�te francophone d�origine grec, a publi� plusieurs recueils de po�mes et des essais sur l�art et les voyages. Mais il est �galement l�auteur d�ouvrages sur les relations internationales, les crises et les minorit�s. Si ses �crits se r�v�lent �tre aussi po�tiques que L�Autre Royaume, ne pourrait-on pas se demander s�il contribue, lui aussi, � rendre ses sujets encore plus �pineux ?
Sophie de Laboulaye
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