|
|
Une affaire insulaire
| | Une Affaire Insulaire Jean-Baptiste Predali Actes Sud
| Prix éditeur 12.00 euros
|
Sur une �le au nom �trange de Borgu Serenu se d�roule le fabuleux destin de Fieschi, pigiste du Patriote, journal d'infos locales. Entre deux articles sur "les r�ceptions � la mairie, les tournois de sixte et les concours de p�tanque", son directeur, Pierre Rocca lui demande d�enqu�ter sur Jean Masseria, le leader du "front de lib�ration". Cette organisation essentiellement compos�e de jeunes hommes r�volutionnaires s�exprime par l�interm�diaire de moyens de communication primaires tels que tracts et graffitis. Preuve de leur candeur face � leurs "difficult�s". En effet, ils livrent une bataille contre l��troitesse d�esprit des habitants d�coulant de leur insularit�. Fieschi va peiner pour reconstituer l�histoire d�une g�n�ration d�cha�n�e par les passions, la violence et la vengeance. Le lecteur, quant � lui, s�enlise tout autant pour r�pondre aux basiques : o� ? quand ? comment ? pourquoi ?
Malheureusement, quelques probl�mes forme �crasent la lisibilit� du fond. D�s le d�but, des phrases inextricables souffrent d'une �tendue et d'une �paisseur d�gageant une impression ostentatoire : "A mon obituaire singulier, � la photo, je rajoute les raisons de mon d�part maintenant, de ce qu�on nomme partout dans l��le ma trahison, ma fuite apr�s les coups de Lavezzi, apr�s les promesses de ce type qui avait brav� les courants d�air de la pr�fecture pour m�imposer ses conditions, mais les autres, mes amis, qu�attendaient-ils, peut-�tre voulaient-ils que je me prom�ne sur le Cours pour y entonner le chant de mon repentir. Adios muchachos compagneros de my vida, que j�y aille d�un tango de regrets et de d�go�t de soit, d�une complainte sur notre sort ingrat et notre infortune." On se noie rapidement. A tel point qu�on a du mal � situer le lieu exact de l�enqu�te. Fieschi dit vivre sur l��le de Borgu Serenu, pourtant, il part retrouver Jean Masseria sur "l��le". Comble de l�absurde puisque toute l�enqu�te semble se d�rouler sur Borgu Serenu. A moins que l�auteur n�ait omis de pr�ciser le nom et la localisation de ce nouvel �lot. Imaginons que l'on passe outre, reste �cueil : l�absence de connexions entre les diff�rents niveaux de langues utilis�s. On passe d�un vocabulaire trop riche tel que "soliloque asthmatique" � une triste parodie de langage familier : "Mes excuses pour le d�rangement, je savais pas que c�est vous le journaliste", sans compter les clich�s litt�raires tels que cette description de "l��le en acier massif [qui] dansa devant lui".
Avec plus de tact, cette alternance verbale aurait pu �tre � l�honneur de l'exp�rimentation litt�raire de Jean-Baptiste Predali mais au final, la lecture s�av�re brusque et confuse : des liens manquent. Un constat difficile pour un �crivain-journaliste qui n�enfante qu�une succession d�id�es louables malheureusement trop peu mises en valeur.
Carine Pigny
| | |