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D�part et Retour
 | | D�part et Retour György Konrad Mille et une nuits
     | Prix éditeur 12.00 euros
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Sociologue de formation n� en 1933 � Debrecen en Hongrie, Gy�rgy Konrad est l�auteur de nombreux �crits, dont r�cemment Le Rendez-vous des spectres. Laur�at du prix Herder en 1983, du prix Charles Veillon en 1986, du prix Kossuth (supr�me distinction de la R�publique hongroise) en 1990 et enfin du Prix des Editeurs allemands pour la paix en 1991, il �tait temps pour lui, sans doute, de se poser et de jeter un coup d��il sans nostalgie sur sa vie : D�part et Retour sera une autobiographie.
Gy�rgy vit avec ses parents dans une grande maison. Tout le monde cherche � lui faire plaisir, c�est un enfant combl�. Il a de l�argent, des domestiques, des parents sympas... On pourrait croire que "la vie est belle". Malheureusement, quelle tare plus sordide que d��tre juif en 1939 ? Les parents de Gy�rgy se font emprisonner pour ne pas �tre conformes � la "race" arienne. Ses camarades de classe, d�nonc�s par le m�decin local, sont envoy�s � la chambre � gaz. Seule option qui lui reste ? La fuite vers la capitale. Il a 11 ans lorsque la guerre cesse enfin. Il se retrouve seul, l'innocence en ruines.
Mais loin d'une succession de plaintes infantiles, le roman livre un parcours. Gy�rgy Konrad s�ouvre par flash-back, parle de sa famille, revient sur sa fuite, tout en m�nageant une certaine coh�sion. Primo L�vi a t�moign�, Stefan Zweig a d�crit les stigmates d�un prisonnier de guerre, et Gy�rgy Konrad, lui, a cette fa�on d�tach�e, quasi pu�rile, de raconter les bombardements de sa vie. Il ne livre pas son malheur, mais d�crit sa semi-existence, m�lant souvenirs joyeux et douleur de la mort, omnipr�sente. On pourrait y voir un ton "neutre" si l�on ne savait que chaque mot est v�cu, pes�, exp�riment� - le "je" autobiographique �tant l� pour nous le rappeler douloureusement. L�auteur prend tant de recul face � sa vie, pr�servant par-l� sa dignit�, qu�il rend notre jugement autonome.
Sans en d�battre, le rapprochement avec l�actualit� est in�vitable : �coutons ceux qui en savent davantage que nous sur le sujet, devoir de m�moire oblige, et plut�t que de manifester par (et pour) un oui ou un non, d�cryptons les stigmates de la violence. Qu'elles s'en aillent ou qu'elles reviennent, bataille pour bataille, quelle diff�rence ? D�part et Retour doit rester : nous ne nous vivons autre chose que la troisi�me partie d'une �vidente saga de "guerres mondiales". Et le t�moignage est essentiel, car, faut-il encore le rappeler, le mutisme engendre la haine.
Carine Pigny
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