#112 - Du 14 octobre au 05 novembre 2008

Actu Entretiens Zoom Portraits Extraits

  Interalli�s J - 4  
  Le D�cembre pour Zone  
  Cusset , Goncourt des lyc�ens  
  Renaudot pour Mon�nembo  
  Goncourt pour Rahimi, la P.O.L position  
  Le Flore pour Garcia  
  Mort de l'�crivain am�ricain Michael Crichton  
  Femina et Medicis: c�t� �trangers  
  Melnitz et Vollmann meilleurs �trangers  
  Blas de Robl�s M�dicis�  

inscription
d�sinscription
 
Moze

 Moze
Zahia Rahmani
Sabine Wespieser
Prix éditeur
16.00 euros

Nous vous en avions offert les premi�res pages (� lire dans la rubrique Extraits), voici quelques mots de plus sur Moze, de Zahnia Rahami, chez Sabine Wiespeser Editeur.


Mourir un 11 novembre, il n'y a rien de plus terrible. Surtout en ayant connu la guerre, surtout quand vous �tes un harki. Moze, lui, apr�s avoir salu� en 1991 le monument aux morts, se suicide. Pour le devoir de m�moire, sa fille ne r�habilite pas seulement ce "soldatmort", mais remonte les m�canismes de l'horreur, du m�pris et de la tra�trise.

Fran�ais musulmans r�sidant jusqu'en 1962 en Alg�rie, les harkis, soldats suppl�tifs de l'arm�e, ont toujours couru apr�s leur identit�. Bannis de France, bannis d'Alg�rie, le massacre dont ils furent les victimes s'apparenterait aujourd'hui � un "g�nocide". "On pensait � l'Am�rique, � ses espaces, � l'homme noir, � sa mis�re, � l'humiliation des Indiens. On vivait dans ces pens�es-l�. On ne sortait plus. On ne pouvait pas." Fils de personne, l'oubli en fit des p�res impossibles. "La guerre, quand les rend, rend des p�res m�chants". Sans concession, Zahia Rahmani trouve le courage et l'audace d'�tre lucide sur cette non-relation path�tique : "J'ai voulu le tuer. Je devais le tuer. Ma m�re a cri� si fort en me voyant que l'arme m'a gliss� de l'�paule. Le fusil �tait lourd, je suis tomb�e des marches. Je l'ai tu� ce jour-l�. Je ne l'ai plus jamais aim� vivant." Le tortur� devient bourreau, et la simplicit� des phrases n'�voque qu'un "juste" retour des choses. L'apparente banalit� prend corps avec l'horreur.

L'ann�e de l'Alg�rie pourrait-elle se r�sumer en cette phrase : "Toute la douceur qui a manqu� � ce pays..." ? Avant de c�l�brer un territoire, c�l�brons des hommes. Moze, pris dans l'inhumanit� de sa vie, en oublie d'�tre caress�. On pense la fin du supplice assez proche, la chaleur de quelques instants toujours possible, mais le pire motive le pire. Dans une construction en puzzle, Zahia en appelle � toutes les formes (documents, dialogues, br�ves, r�cits...), toutes les personnes, tous les effets. Cela surprend sans nous perdre, et bien entendu, la transparence de ce travail recomposition n'est pas gratuit. En effet, alors que l'indicible, par nature, ne peut se dire, rendre compte de l'approche totale de ses blessures rel�ve d'une pertinence dans le fond et la forme (dans la litt�rature, quoi). La tentation du pathos reste contenue, l'impudeur est exclue, et m�me si les dialogues manquent parfois de vivacit�, Moze se lit avec respect. La culpabilit� ambiante autour de ces morts inutiles contamine personnellement. Tous pourris, oui ! Et pour �viter la complaisance, profil bas pour tout le monde. Le plus cens� est de rester humble devant le lourd tribut qu'il nous reste � payer. Ecouter ceux qui ont quelque chose � dire sur ces soldats morts deux fois. A revenir sur ce livre pareillement.

Ariel Kenig



+ Coup d'oeil sur les premi�res pages...

 
B�tes sans patrie
Uzodinma Iweala 
Sans elle
Alma Brami 
Crack
Tristan Jordis 
Son absence
Justine AUGIER 
Tribus modernes
J�r�me Baccelli 
Mill�naire � Belgrade
Vladimir Pistalo 
Une jolie fille rien que pour moi
Aur�lie Antolini 
Festino ! Festino !
Elodie Issartel 
La porte des Enfers
Laurent Gaud� 
Jerusalem
Gon�alo M. Tavares 
Lacrimosa
R�gis Jauffret 
H�ros, personnages et magiciens
Vincent Ravalec 
L� o� vous ne serez pas
Horacio Castellanos Moya 
Crossfire
Miyuki Miyabe 
Keith Me
Amanda Sthers 
  ARCHIVES
 
contact | © 2000-2008  Zone littéraire |